Genève

Nos conseillers d'Etat dévoilent leur agenda

14.11.2019 16h25 Rédaction

agendas

Comment les ministres genevois travaillent-ils au quotidien ? Pour répondre à cette question, nous avons sollicité la loi transparence dite LIPAD. Cette dernière permet de demander tout document de l’administration, sans justification. Les agendas des conseillers d’Etat entrent dans cette démarche. 

Malgré une certaine réticence au début, ces derniers ont accepté de nous donner l’accès à une semaine de leur emploi du temps: celle du 7 au 13 octobre. 

Réticences dépassées 

Pour le président Antonio Hodgers, cette semaine là était, semble-t'il, plus légère qu’à l’accoutumée. Au contraire Nathalie Fontanet  a été sollicitée pour huit discours. Pour les autres, cette semaine est assez représentative de leur travail habituel. Alors comment fonctionnent-ils dans le détail ?

Pour tous, des moments intangibles. La séance du conseil d’Etat le mercredi matin, des réunions avec les équipes au sein des départements, mais aussi des commissions parlementaires et des rendez-vous fédéraux. Libre ensuite à chacun d’organiser sa semaine entre tout cela. 

Nathalie Fontanet a réorganisé quelque peu la manière de fonctionner à son arrivée « Je crois au travail d’équipe. J’aime associer les collaborateurs du secrétariat général à ce que je fais »

Anne Emery Torracinta elle, essaye de garder quelques trous pour les urgences : « Avant j’avais une assistante qui me surchargeait l’agenda, et c’était impossible à gérer». 

Au delà des réunions, les conseillers d’Etat sont aussi conviés à des inaugurations, anniversaires ou autres rendez-vous protocolaires. Nathalie Fontanet avoue en souriant « Je ne refuse pas assez d’événements selon mes collaborateurs». Thierry Apothéloz complète: « Mon agenda ne reflète pas tous les événements que j’ai refusés. Pour chaque sollicitation, il faut voir si cela est utile et surtout quel est le message que je veux faire passer car je tiens à ce qu’il y ait un message dans chaque intervention.»

Travail de dossier 

Mais alors, quand est ce que les conseillers d’Etat prennent ils le temps de travailler les dossiers ? Mauro Poggia travaille le soir tard ou le matin tôt. À l’image de plusieurs autres collègues. Tous profitent aussi des petits trous dans la journée ou des week-end. 

Pour Pierre Maudet, le travail du conseiller d’Etat se résume à trois axes : la réflexion, la représentation, mais aussi aussi la direction de l’administration du département. « Je suis réputé être un magistrat assez intrusif mais ce travail est important dans la vie d’un conseiller d’Etat». Pierre Maudet qui lui sort beaucoup du département, avec de nombreuses rencontres dans les entreprises. «J’aime prendre le pouls de l’économie, aller sur le terrain» explique-t’il. 

Basculement des tâches 

Souvenez vous en janvier dernier, le conseil d’Etat réorganisait les départements. Pierre Maudet gardait seulement l’économie. Malgré cette perte de prérogatives, son agenda est toujours aussi plein que celui de ses collègues. Comment l’explique-t’il ? « Si on a la chance, ce qui n’est pas donné à un conseiller d’Etat d’habitude, de prendre le temps d’aller au contact des entreprises et de se faire ambassadeur de celles-ci, il faut le faire ». 

À l’inverse Mauro Poggia et Antonio Hodgers ont récupéré des porte-feuille appartenant anciennement à Pierre Maudet. Leur agenda a beaucoup changé. «Pour moi c’est trois heures de travail de plus par jour avec cette politique de la sécurité» explique Mauro Poggia. Antonio Hodgers regrette, lui, de manquer de temps désormais pour le département du Territoire en ayant pris la présidence : «mais c’est normal d’avoir ces problématiques avec deux départements. Et je ne veux pas lâcher le Territoire qui est mon premier amour». D’ailleurs pour lui, le travail va au delà de l’agenda : « En tant que président, je suis responsable en dernier ressort. Cela créée une charge mentale en plus».

Tous les conseillers d’Etat s’affairent aussi une partie du week end, entre dossiers et événements. Ils témoignent de la longueur des semaines : «Personne n’a une semaine de 40h» conclut Anne Emery Torracinta. 

Céline Argento

 

Retrouvez dans le détail, les interviews en longueur et agendas des sept conseillers d'Etat :

Anne Emery Torracinta : «J'essaye de garder des trous dans l'agenda pour les urgences»

Nathalie Fontanet «J'aime associer mes collaborateurs à mon travail quotidien»

Serge Dal Busco «Il faut être constamment au taquet»

Thierry Apothéloz «Conseiller d'Etat, c'est 24h/24h»

Mauro Poggia «Il y a des rendez-vous fixés des années à l'avance»

Pierre Maudet «Il y a un fantasme autour du travail des élus, surtout depuis les notes de frais en ville»

Antonio Hodgers «Quand je suis inutile à une séance alors que je pourrais être avec ma fille, mon impatience est plus forte»

«L’administration doit répondre à la sollicitation de documents par les citoyens.»