Genève

Prof. Pittet: «On n’a toujours pas atteint l’immunité collective»

08.09.2021 19h48 Rédaction

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L’infectiologue genevois accueille favorablement les nouvelles mesures de la Confédération, mais s’inquiète du rythme de la campagne vaccination, trop lent selon lui.

Si l’élargissement du champ d’action du certificat Covid rassure Didier Pittet, la mesure arrive trop tard: «Aujourd’hui, on a vu que les patients sont plus jeunes et on accueille aussi les patients hors Covid, donc oui les hôpitaux sont déjà surchargés». Pour lui, il faudrait accélérer la vaccination. Moins de 60% des Suisses ont reçu les deux doses, contre 75% chez les Français. «La vaccination, c’est l’outil principal de sortie de crise. Il y a un an, on rêvait d’avoir un vaccin. Aujourd’hui, on l’a et on ne l’utilise pas suffisamment», réagit-il.

Pourtant, le professeur est conscient de réticences de la population helvétique: «La Suisse a toujours été un mauvais élève. La Suisse a toujours été un pays récalcitrant» Le refus de se faire vacciner va jusqu’à énerver le professeur: « maintenant je déplore ce manque de civisme de la part des Suisses. (…) On n’a toujours pas atteint l’immunité collective. Le virus a un terrain de jeu exceptionnel.»

«C’est ridicule de ne pas utiliser cet outil»

Résultat? «Aujourd’hui nous avons des infections graves car le variant n’épargne personne, affirme Didier Pittet. Chaque fois qu’on diagnostique un cas sur le canton de Genève, on en ignore deux au moins. Et donc, on a des gens qui sont surpris.» Autre problème, selon lui, le réflex de se faire tester qui se réduit: «Il y a trop peu de gens qui se font tester. Certains essayent même d’échapper à ces tests. On s’est à nouveau laissé prendre par cette 4e vague»

Alors, comment agir? Pour Didier Pittet, il faudrait être plus offensif sur la vaccination et en particulier, sur les campagnes d’incitation. «Elles sont timides, pointe le professeur. Il faut être innovateur, aller dans les universités par exemple. Mais cela met du temps à arriver: on souffre un peu de notre fédéralisme».