Thierry Meury: 30 années de scène
Thierry Meury, humoriste et metteur en scène, était l’invité du Geneva Show. Ce début d’année marque le 30ème anniversaire du P’tit Music’Hohl que l’humoriste dirige. Alors que la plupart des cafés-théâtres ont disparu en Suisse romande, le P’tit Music’Hohl a passé l’épreuve du temps. Avec la même formule depuis trois décennies, à savoir des spectacles en continu, le metteur en scène reconnaît que: «c’est effectivement l’exception». Alors que l’humour du café-théâtre semble avoir vécu ses plus belles années, Thierry Meury parle de continuité: «Cette nouvelle mode de stand-up, très influencé par les Américains, n’est qu’un cousin du café théâtre». Il ajoute même que les «Genevois viennent régulièrement, on est même parfois surpris de faire autant de monde».
Connu pour son humour grinçant, l’artiste dit: «On n’a plus le droit de rire de tout, c’est un fait aujourd’hui». Mais Thierry Meury profite d’autant plus de cette controverse: «À plus forte raison qu’aujourd’hui, il y a des tas de thèmes que je devrais m’interdire si je suivais les préceptes du politiquement correct» et ajoute: «Heureusement, il existe encore des petits théâtres dans lesquels on peut tout se permettre». L’artiste rappelle cependant l’importance de: «bien maîtriser le thème lorsqu’on fait des blagues sur des sujets sensibles». «Il faut faire attention avec qui on rigole aussi», ajoute-t-il.
«Evidemment que je suis misogyne»
Questionné sur sa misogynie, l’artiste l’avoue ouvertement: «Oui bien sûr, c’est tout un jeu». Et ce mépris envers les femmes est devenu sa marque de fabrique au fil des années: «À force d’entretenir cette étiquette on me pardonne plus facilement les blagues misogynes», dit-il en ricanant. Mais derrière cette image machiste se cache un homme sensible. Touché par l’amour, l’artiste a beaucoup écrit sur ce thème: «Oui, c’est une des grandes influences de la vie pour moi». L’artiste va même questionner la proportion de sa misogynie qui se mêle à sa sensibilité: «C’est le point de vue d’un homme sur les femmes qui en attendait peut-être plus», suppose-t-il.
«Dans l’essentiel, j’ai fait ce que je voulais»
D’origine jurassienne, il a grandi avec 5 frères et sœurs. Alors qu’il avait 10 ans, son père décède. «Mon enfance s’est arrêtée au moment du décès de mon père. Je suis devenu un adulte par la force des choses», regrette-t-il. Durant son adolescence, qu’il qualifie de «difficile», il se trouve une passion pour la scène: «on se découvre ces choses un peu par hasard», dit-il. «Mon père était quelqu’un de drôle, j’ai peut-être procédé par mimétisme». Quelques années plus tard, il se retrouve sur le sol genevois. C’est alors le début d’un beau parcours dans lequel il est à la fois homme de radio (La Soupe est pleine), de télévision (A côté de la plaque) et de plume (La Revue genevoise, Saturne et ses propres spectacles).
Quant à son parcours d’artiste, Thierry Meury n’hésite pas à parler des hauts et des bas. Atteint de plusieurs dépressions il dit: «Je ne sais pas si on en sort vraiment» mais ajoute: «Je m’inquiète quand les gens me disent qu’ils n’ont jamais connu de vague à l’âme et que tout va bien dans leurs vies… Je me demande un peu ce qu’ils font». Autre mauvaise habitude de l’artiste, la bouteille : «Oui je considère que je suis un alcoolique mais je ne suis pas au stade de dépendance», dit-il en rigolant. Pour se rassurer il a même arrêté de boire le temps un mois en 2018: «J’ai résisté, j’ai réussi. Mais il faudrait peut-être que j’essaie de nouveau». Après 30 ans de scène Thierry Meury est: «heureux de ne pas avoir eu besoin d’aller à l’usine ou d’avoir un chef qui m’emmerde». «J’ai eu quelques contrats alimentaires mais dans l’essentiel, j’ai fait ce que je voulais».