Culture

Rababaw, une place à prendre

13.01.2022 19h00 Martin Esposito

bahraw

Cet homme de l’ombre du rap genevois passe devant le micro et a sorti il y a quelques semaines un premier album, «Mon sang». 

On l’appelle le maire de Genève. Pourtant, rien à voir avec Frédérique Perler. Le physique se rapproche de celui d’un bûcheron et la dégaine fait penser à Seth Gheko. Rababaw, cependant, a aussi le profil d’un patriarche -6 enfants, à seulement 36 balais. Au détour d’une balade dans son quartier, les Avanchets, deux de ses progénitures le rejoignent. Effet caméra ou non, compliments et embrassades fusent. Même quand on lui demande pourquoi il apprécie son le lieu, «les enfants peuvent aller à l’école sans passer par la route» fait partie des arguments.
Cet amour paternel, on le retrouve aussi dans son album. «Mon sang», titre éponyme, est une lettre à ses enfants. Même un de ses fils, surnommé Lil’Rababaw, fait parti des -nombreux- invités de ce premier projet.

Un disque, sorti presque sur un coup de tête. «Il y a un an, j’ai collaboré avec La Dé sur un son pour plaisanter et promouvoir ma marque (de vêtements, Fightness, NDLR). Mais ça m’a plu, et j’ai senti qu’il y avait un liet-bi (sic) à prendre», raconte Rababaw. L’artiste s’en ensuite «enfermé», pendant un an au studio. Une terre pas si inconnue, lui qui était l’homme de l’ombre du collectif Marékage Street. «C’est l’album de l’apprentissage, mais il est propre», commente sèchement son producteur, Dr Ouss.

«C'est ça le charbon»

Voilà presque l’aboutissement d’un parcours en dent de scie. Rababaw, a aussi tenu un restaurant et est en train de devenir associé avec le gérant du One Food, un fast-food-épicerie, à l’ambiance One Pièce, basé à Vieuseux. Objectif, lancer un service de livraison et même ouvrir plusieurs enseignes dans le canton. Quand le tacos croise l’univers de manga, un marketing bien rôdé. «C’est ça le charbon, j’ai six bouches à nourrir quand même», rappelle l’artiste. 

Et si son album était la clé? Trois de ses clips ont été vus au moins 60’000 fois sur Youtube. Pas mal une première esquisse. Pour s’offrir de la visibilité, Rababaw a notamment invité sur «Mon sang» Di-Meh et Slimka, membres des Xtrm Boys, portes drapeaux du rap romand dans la francophonie. Le dernier membre du trio, Makala, ne figure pas sur la tracklist. Ironie de l’histoire, lui aussi vient des Avanchets et se fait également appeler «Monsieur le maire». À vos votes.