Culture

15 millions de spécimens dorment dans les réserves du Muséum

08.08.2022 14h04 Lucie Hainaut

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Pour contrer la canicule notre série d’été vous emmène au frais, à la découverte de trésors cachés dans les réserves des musées genevois. Dans ce premier épisode, nous vous faisons découvrir les coulisses d’une institution bien connue des petits et des grands: le musée d’histoire naturelle de Genève. 

Le Muséum de Genève détient de nombreux trésors. L’un d’eux se trouve dans la galerie des animaux exotiques, au premier étage: un émeu de Baudin empaillé. Le seul, en vérité: «C’est un spécimen unique au monde» explique Alice Cibois, conservatrice et spécialiste des oiseaux. «C’est une espèce éteinte, qu’on ne peut voir qu’ici, au Musée d’histoire naturelle de Genève. Il y a même des chercheurs australiens qui ont fait le déplacement pour pouvoir l’observer !» s'amuse-t-elle. 

Un millier d’oiseaux… qui n’est que la partie émergée de l’iceberg

Les galeries présentent un millier d’oiseaux aux visiteurs curieux et ornithologues amateurs de tout poil. Le nombre peut sembler considérable, mais c’est dans les réserves que se trouve la partie immergée de l’iceberg: des milliers d’oiseaux empaillés sont classés dans des tiroirs, eux-mêmes disposés dans des compactus. L’endroit est impressionnant: une odeur âcre emplit l’espace, et le plafond bas de même que les nombreuses armoires alignées ont quelque chose d’oppressant.

Des oiseaux empaillés, un vrai patrimoine scientifique

Alice Cibois appuie sur un bouton, et les compactus se mettent en branle. Une rangée s’ouvre, et on découvre des centaines d’oiseaux disposés côte-à-côte dans des tiroirs en bois. Certains spécimens ont été chassés il y a plus de 100 ans. Cette collection est très utile pour les chercheurs: «On peut étudier les différences de plumage, de taille, de forme… On peut aussi étudier l’ADN des spécimens conservés en prenant un morceau de plume ou de peau, et faire des études génétiques sur leur évolution» détaille la chercheuse. Si l’accumulation d’oiseaux empaillés peut donner un sentiment de malaise, la collection est en fait extrêmement précieuse pour la recherche: «C’est le même principe qu’une bibliothèque: on l’enrichit pour le bien commun, c’est un patrimoine, et on conserve des oiseaux même si on ne sait pas encore forcément à quelle recherche ils seront utiles» explique la conservatrice du musée. 

Une collection d’envergure internationale… de parasites

Si on peut s’attendre à trouver des oiseaux empaillés dans un musée d’histoire naturelle, d’autres collections sont plus surprenantes. C’est le cas par exemple dans l’unité de parasitologie: des milliers de parasites sont conservés dans des lames en verre. La plupart de ces organismes ne sont visibles qu’au microscope. Le musée détient une collection d’importance internationale: «Beaucoup d’organismes que nous possédons aujourd’hui dans notre collection ont été décrits par des parasitologues suisses. Mais nous avons aussi reçu des dons de scientifiques étrangers» explique Isabel Blasco Costa, chargée de recherche en parasitologie au Musée d’histoire naturelle de Genève. 

Au total, le Muséum estime à 15 millions le nombre de spécimens stockés dans ses réserves. Cette collection impressionnante sert à la recherche scientifique, mais aussi à la conservation d’un patrimoine sur le monde du vivant. Et les expositions dans tout cela? «Elles servent à faire comprendre au public la diversité du vivant, de découvrir le monde qui nous entoure et, espérons-le, d’avoir envie de le protéger» résume Alice Cibois.