Culture

Maïa Mazaurette: «Comme femme, on a du mal à accepter d’être une experte»

26.08.2022 20h22 Rédaction

Journaliste, actrice, peintre et illustratrice, Maïa Mazaurette est une «sexeperte». Elle nous parle de son dernier documentaire, mais aussi de ses projets artistiques.

«Comme femme, on a du mal à accepter d’être une experte. On dit plutôt que l’on travaille dans un domaine depuis longtemps. J’ai fini par faire la paix avec ça. Donc, oui, je suis en experte en sexe», raconte la journaliste. En début d’année, Maïa Mazaurette a réalisé le documentaire «Désir, ce que veulent les femmes». «Pendant des années, j’ai eu l’impression que le discours sur la sexualité était porté sur le plaisir. Mais après le mouvement #Metoo, je me suis dit que le sexe c’était souvent du désir. La question, c’était celle d’émergence et de fin du désir. C’est un sujet qui fait paradoxalement, moins peur.»

Dans son documentaire, la journaliste reconnaît avoir découvert que «les femmes sont incroyablement diverses. Il y a des femmes qui ont des désirs différents, d’autres de femmes qui n’avaient pas de désir.» Après la diffusion de son documentaire, Maïa Mazaurette a reçu des «centaines» de messages de femmes saluant l’importance de son travail. Une suite est déjà programmée. Elle sera consacrée aux hommes et à leurs désirs. «Ce qui m’a surpris, c’est le nombre d’hommes qui avaient envie de battre en brèche l’idée qu’un homme est forcément désirant. Beaucoup d’hommes m’ont dit qu’ils s’étaient déjà forcés.»

Un sujet frivole

La journaliste fait parler et pas forcément en bien. De nombreux médias critiquent son travail, avec des éditos musclés. «La sexualité reste perçue comme un sujet frivole, se défend Maïa Mazaurette. On a encore du mal à comprendre que le sex soit analysé (…) alors que c’est un objet journalistique merveilleux.» Un intérêt fort, qui se retranscrit dans ses peintures. Ces dernières seront exposées en décembre à la galerie Analix Forever (Chêne-Bourg). «J’aime les hommes. Ce qui m’inspire, c’est le corps des hommes. J’ai eu le regret en allant des galleries de voir des corps de femmes sublimés, c'est moins des hommes chez les amateurs et dans la peinture contemporaine. J’avais envie de m’attaquer à ce que je désire.»

Militante féministe depuis 1995, Maïa Mazaurette «a vu tout changer. Quand j’ai vu qu’avec #Metoo, j’ai vu qu’une majorité de femmes se disent féministes, c’était un soulagement. Mais j’ai ressenti une espèce d’amertume face au temps perdu, avec l’impression d’avoir milité seule. Aujourd’hui, je reste inquiète pour les droits des femmes.»