Culture

Prof. Yaniv Benhamou: «Avant Covid, la majorité des artistes vivait avec moins de 40’000 francs»

31.10.2022 19h48 Rédaction

On reparle du statut précaire des artistes en Suisse. Des solutions se dessinent pour améliorer leurs conditions. Une réunion importante s’est tenue vendredi avec l’ensemble des acteurs concernés. Le professeur Yaniv Benhamou, auteur d’un travail sur la question, nous explique.

Ce vendredi à Berne s’est déroulée une rencontre importante en vue d’une amélioration du statut et de la rémunération des artistes en Suisse. Les Universités de Genève, Lausanne et Neuchâtel ont réuni de nombreux experts mais aussi l’ensemble des acteurs concernés, autorités politiques comprises. Le professeur en droit du numérique  l’Unige, Yaniv Benhamou, a organisé cette réunion. Auteur d’une étude fouillée sur le statut et la rémunération des artistes, il appelle à changer les choses de toute urgence. «Les métiers de la culture se caractérisent par une absence de statut légal clair et de rémunération convenable. Avant Covid, la majorité des artistes vivait avec moins de 40’000 francs. Et toute la partie invisibilisée du travail n’est pas prise en compte dans les calculs.»

Les droits d'auteur réévalués.

Plusieurs solutions, tout d’abord avec le cadre légal existant. «La première, cela serait de faciliter l’accès au salariat, car cela permet d’avoir des couvertures sociales. La deuxième serait l’indépendance, qu’il faudrait flexibiliser. On note une fragmentation institutionnelle entre les cantons. Enfin, on pourrait améliorer la rémunération des droits d’auteur en ligne.» Le professeur note un manque de coordination sur le sujet, à cause notamment de la barrière de la langue.

Mais le problème ne vient-il pas de la racine, avec un nombre d’artistes trop élevés? «Il y a effectivement d’artistes sur le terrain. C’est la responsabilité des politiques de formation, au niveau cantonal. Il faut se poser la question s’il ne faut pas réguler le nombre d’artistes formés qui arrivent ensuite sur le marché du travail et ne trouvent pas d’emploi. La Suisse pourrait s'inspirer de son voisin belge. Un visa artiste a été mis en place, il demande seulement 100 jours de cotisations sur deux ans pour profiter d'une aide à la création, contre 365 jours sur deux ans dans nos contrées.