Culture

«La Saint-Sigolin», témoignage de souvenirs forts de Jacques Sallin

06.01.2023 18h05 Céline Argento

d

C’est une plongée merveilleuse dans les souvenirs d’enfance du metteur en scène et dramaturge Jacques Sallin. Son livre, «La Saint-Sigolin», est édité aux éditions Chien jaune. Il y raconte la vie avec cette grand-mère «encombrante et merveilleuse». 

Jacques Sallin le dit en préambule, et comme un hommage: «C’est une reconnaissance à tout ce que ma grand-mère m’a offert, c’est elle qui m’a élevé. Elle m’a donné des valeurs encore fortes en moi. J’ai voulu témoigner de sa gentillesse…de son autorité aussi !» Le livre est un recueil de souvenirs, d’un enfant élevé par sa grand-mère Florentine alors que les parents ont divorcé. C’est aussi un témoignage d’une vie passée à la ferme, à une époque où les enfants rentraient de l’école pour se voir attribuer encore, quelques taches. 

Récurer à date fixe 

Avec humour, Jacques Sallin nous conte sa «Saint-Sigolin» en référence au Sigolin, ce produit de nettoyage qui permettait de frotter les casseroles en cuivre. Une fois par mois, les objets étaient finement nettoyés: «à cette époque c’était le jeudi, on avait congé à l’école genevoise. Quand nous descendions le matin pour prendre le petit-déjeuner, cela sentait déjà l’ammoniaque. Il fallait suivre la grand-mère et sa cadence effrayante, et ne pas rechigner ! J’essayais de planquer de temps en temps des objets à nettoyer mais elle les retrouvait toujours !»

«Y’a pas de j’aime pis j’aime pas»

Jacques Sallin raconte aussi les odeurs, les mets, ceux des bonnes viandes mijotant dans les marmites. La phrase lancée lors du repas: «y’a pas de j’aime pis j’aime pas», pour dire qu’il fallait finir son assiette. 

Parmi les souvenirs évoqués, l’arrivée du formica, nouveau matériau révolutionnaire. Il y a aussi les tupperwares, et ces objets du quotidien qui ont changé. Les habitudes aussi: «la migros venait avec son grand camion». 

«Une enfance au cul des vaches, dans une époque ou l’on ne confondait pas les devoirs dus à un enfant avec le service d’étage.»

La phrase est lancée au début du livre, par un Jacques Sallin bien loin de critiquer les méthodes: «mes enfants pourraient vous dire qu’ils n’ont pas non plus eu le service d’étage!» Et d’ajouter, faisant un parallèle avec notre éducation actuelle: «Le devoir que je veux mettre en avant, c’était le devoir qu’ils avaient eux (les parents et grands-parents) de nous protéger nous. Nous n’avons jamais su les problèmes de couple, d’argent. On était totalement épargnés et protégés du monde des adultes». Un livre de souvenirs, entre humour et émotion, dans lequel le lecteur se retrouvera sans doute. 

«La Saint-Sigolin», éditions Chien Jaune.