André Comte-Sponville: «le texte le plus intime que j’ai écrit»
Grand invité du Journal, le philosophe français André Comte-Sponville a publié «Les clés du Champs et autres impromptus», 12 textes qui portent notamment sur le droit de mourir, son rapport à sa mère et à la mélancolie.
Le titre de cet ouvrage repose sur l'expression de Michel de Montaigne dans Les Essais. André Comte-Sponville décrit le "droit de s'en aller" avec la même philosophie que Montaigne en définissant le droit de mourir comme «la liberté ultime».
Pour le philosophe, cette liberté se différencie de la liberté suprême qui n’est autre que «la liberté de vivre». Le droit de vivre reste pour André Compte-Sponville bien plus dur à garantir que le droit de mourir.
«Le suicide assisté, l’une des raisons d’envier les Suisses»
L’assistance au suicide et l’euthanasie suscitent généralement des débats houleux. En Suisse, la thématique est souvent traitée dans l’apaisement, preuve en est avec des décennies de pratique dans le domaine médical du suicide assisté.
André Compte-Sponville estime que cette avancée «fait l’une des raisons d’envier les Suisses». Il souligne par ailleurs la différence entre le suicide assisté, où le patient déclenche lui-même la mort, et l'euthanasie où le médecin se charge d'administrer la substance létale.
Un hommage à sa mère
Dans les clés du Champs, le philosophe termine par un texte dédié à sa maman. «C’est très certainement le texte le plus intime que j’ai jamais écrit de ma vie», confie André Compte-Sponville.
La mère a essuyé deux tentatives de suicide, laissant son fils craindre au pire de manière permanente. «Toute mon enfance je l’ai vécue dans le malheur de ma mère […] j’ai appris à vivre et à aimer dans le malheur de ma mère et dans l’angoisse de la perdre».
«Les moments de bonheur apparent, ça sonnait faux, ajoute-t-il. La joie était du côté de l’illusion, du faux-semblant et la vérité du côté de la tristesse». Enfin, André Comte-Sponville raconte que la philosophie l’a convaincu du contraire.