Annulation à la Comédie: Un «choc des mondes» à 900'000 francs
La pièce devait être le spectacle phare de la saison à la Comédie de Genève, puis rayonner sur les plus grandes scènes européennes. Mais «Les Emigrants», annulée vendredi en raison de conflits internes au sein des équipes du théâtre, laisse à la place un goût amer. Retour sur ce qui ressemble à un naufrage humain, artistique et financier.
Coup de théâtre à la nouvelle Comédie de Genève vendredi dernier. Le journal «Le Temps», annonce l’annulation de la grande production de la saison quelques jours seulement avant la Première. Des «divergences» internes, en sont la cause communique la direction du théâtre dans la foulée.
«Choc des mondes»
Alexandre Demidoff, qui a signé le papier du Temps, explique que ces «divergences» sont le fruit d’une profonde incompréhension avec le metteur en scène. «C’est le choc de deux mondes. D’un côté Christian Lupa, grand maître de la scène polonaise, habitué à travailler avec des brigades de techniciens et d’acteurs entièrement dévoués. De l’autre, des équipes techniques de la Comédie, extrêmement compétentes et engagées. Elles se sont retrouvées face à une personnalité qu’elles n’ont pas su appréhender. D’où le clash.»
Ce lundi, la direction de la Comédie refuse de s’exprimer à nouveau sur ce sujet, mais nous informe que la commission du personnel du théâtre soutien totalement cette annulation. Le Conseiller administratif en charge de la culture est sur la même ligne. «Peut-être qu’à une époque, il était tolérable qu’un brillant metteur en scène puisse être très dur et trop exigeant», déroule Sami Kanaan. «Mais aujourd’hui, on doit respecter l’intégrité physique et psychique de l’ensemble des équipes qui travaillent sur un projet. Ceci est fondamental.»
Jouer quand même?
Au niveau politique, certains conseillers municipaux s’interrogent quand même. Omar Azzabi du groupe «les Vert.e.s» évoque un important dégât d’image pour Genève. Et surtout de l’argent public, près d’un million de francs, bien mal employé. «Avec un coût pour le contribuable de 900’000 CHF, il faut des garanties pour la suite, et que la gouvernance tire des leçons de cette annulation. Surtout, il faut trouver une solution financière.»
Une reprise de la pièce par un autre théâtre genevois pourrait limiter les dégâts, mais cette piste semble peu probable. Le festival d’Avignon, où devait se tenir le spectacle en juillet, doit annoncer tout prochainement si la pièce pourra se tenir sur sa scène.