Culture

Au mudac, Robert Wilson fait vibrer les chaises de Barbier-Mueller

26.10.2022 14h22

Au mudac, Robert Wilson fait vibrer les chaises de Barbier-Mueller

La première salle, lumineuse, réunit les pièces les plus colorées et originales.

Photo: KEYSTONE/JEAN-CHRISTOPHE BOTT

Le mudac à Lausanne expose 211 chaises de la collection du promoteur et régisseur genevois Thierry Barbier-Mueller. Ces pièces prennent vie entre les mains du metteur en scène et plasticien Robert Wilson. 'A Chair and You' est à découvrir jusqu'au 5 février.

L'exposition se lit comme un opéra en quatre actes. Elle est articulée en quatre salles, occupant tout l'espace du musée qui s'est ouvert en juin sur le site de Plateforme 10, près de la gare.

Un spectacle

'Ce n'est pas une exposition, c'est un spectacle', s'est exclamée mercredi devant la presse Chantal Prod'Hom, commissaire d'exposition et directrice du musée. Jeux de lumière, musiques et bruitages, pièces suspendues ou disposées sur des gradins: les chaises, certes, ne bougent pas, mais elles sont véritablement mises en scène.

Robert Wilson, surnommé Bob Wilson, parle de chorégraphie: il explique qu'il commence toujours par réfléchir à la lumière, qui fait partie intégrante de la mise en scène, puis au son. Ensuite viennent les objets. 'Les chaises sont des sculptures', dit-il, lui qui les collectionne depuis de nombreuses années. En 1968, il a créé sa première chaise et elle figure dans la collection Barbier-Mueller.

Chaises actrices

La visite débute par une salle blanche et lumineuse où résonne une musique enjouée. Elle réunit les pièces les plus colorées et étonnantes de la collection, comme une chaise rouge déformée, une sorte d'animal velu ou un escarpin à l'imprimé léopard.

Thierry Barbier-Mueller explique que beaucoup de ses chaises - sa collection en compte plus de 650 - sont des pièces uniques, des prototypes. Elles émanent souvent d'artistes renommés, parfois aussi d'inconnus. 'Ce qui m'a plu, c'est qu'elles soient revisitées par un artiste majeur qui en fait autre chose. Elles sont les acteurs/rices au bénéfice d'une nouvelle chorégraphie'.

Changement de registre dans la deuxième salle, où règnent calme, géométrie et minimalisme, sauf lorsque retentit la plainte d'une scie sauteuse. Une étonnante porte basse oblige le visiteur à se plier pour pénétrer dans l'espace suivant, plongé dans le noir. Ici, les chaises se dévoilent tour à tour par des bains de lumière.

Dans nos villes et nos vies très occupées, il y a peu d'espaces pour le calme et la contemplation, explique Robert Wilson. 'Pour moi, cette pièce donne le temps pour une réflexion intérieure'.

Surprise

Dans cette scénographie immersive, la dernière étape est un cube kaléidoscopique dont l'intérieur est tapissé de miroirs. Enfin, en sortant, une surprise attend les visiteurs qui s'arrêteront sur le banc face à la fenêtre du musée, qui donne sur les rails.

La collection genevoise réunit des chaises des années 1960 jusqu'à aujourd'hui. Elle n'avait encore jamais été montrée au public. Thierry Barbier-Mueller a franchi le pas de la présenter au public, après plus de 20 ans de passion restée confidentielle, explique le mudac. Les 211 chaises présentées sont l'oeuvre de 168 créateurs.

/ATS