Culture

Au mudac, coup de projecteur sur le design au Liban

05.04.2023 13h00

Au mudac, coup de projecteur sur le design au Liban

L'exposition fait découvrir le design au Liban, notamment à Beyrouth.

Photo: KEYSTONE/LAURENT GILLIERON

Le mudac à Lausanne invite à la découverte du design libanais et de son histoire, un champ d'investigations méconnu malgré son effervescence depuis le début des années 2000. Jusqu'au 6 août, le musée dévoile plus de 200 pièces d'une vingtaine d'artistes.

Cette exposition, et le livre qui l'accompagne, constituent la première étude approfondie sur l'histoire du design au Liban, de l'indépendance du pays en 1943 à nos jours. Ce projet, piloté par le directeur-adjoint Marco Costantini, a nécessité un travail de longue haleine sur le terrain. Il matérialise une nouvelle approche de l'institution qui veut valoriser la création extra-occidentale, moins 'euro-centrée' pour explorer des régions encore peu étudiées.

Dans ce cas précis, 'Beyrouth. Les temps du design' tente de saisir les dynamiques ayant permis au design de se développer au Liban, un pays à l'histoire tourmentée, qui a connu le colonialisme, la guerre civile, la corruption et une litanie de drames, comme l'explosion de 2020 dans le port de Beyrouth. L'exposition se décline en trois temps: les prémices du design des années 1950 à 1970, l'effervescence depuis les années 1990 et, enfin, le projet Minjara.

Violente transformation

Dans sa première partie, la plus historique, l'exposition montre comment le design fait son entrée en scène au Liban, un pays à la croisée de l'Orient et de l'Occident. Elle présente ses principaux acteurs et ses oeuvres les plus emblématiques, notamment du mobilier et des photos d'archives de Sami El Kazen ou Jack Matossian.

Auparavant, sous mandat français de 1918 à 1943, Beyrouth s'était restructurée sur le modèle occidental. Souvent sans tenir compte des formes urbaines préexistantes, victime d'une tabula rasa générale, signe d'un 'véritable déni identitaire', souligne le musée.

Beyrouth créatif

Après la guerre civile (1975-1990), la reconstruction de Beyrouth et le retour au pays de nombreux Libanais permettent au design de reconquérir les espaces géographiques, économiques et créatifs. Ateliers, galeries, écoles, bureaux d'architectes et bars s'installent dans la capitale. La ville se transforme, mais sans vision urbanistique ni économique, et encore moins culturelle.

Dans les années 2010, le design connaît son apogée. Des foires et salons voient le jour. En 2017, la Beirut Design Fair est dédiée aux meubles et objets de design moderne et contemporain en édition limitée. Des musées réputés, comme le British Museum, montrent un intérêt pour les créations du monde arabe.

Cette deuxième partie de l'exposition, sur le design contemporain, est composée uniquement d'objets. Elle présente des pièces comme la table de Richard Yasmine ou Living Space III de Karen Chekerdjian.

Minjara

Enfin, dans son troisième volet, l'exposition se penche sur le projet Minjara Tripoli, collaboration entre designers et artisans du bois à Tripoli, grande ville du nord. Cette plateforme a notamment développé un système de porte temporaire pour permettre aux habitants de Beyrouth de retrouver un peu de sécurité, après l'explosion du 4 août 2020.

L'exposition a été réalisée en co-production avec le CID - Centre d'innovation et de design au Grand-Hornu, en Belgique, où elle a été montrée l'an dernier. Elle se veut itinérante et l'équipe du musée travaille actuellement sur une nouvelle déclinaison qui puisse être exposée à Beyrouth. 'Mais rien n'est définitivement confirmé pour le moment', a précisé à Keystone-ATS le musée.

/ATS