Culture

Avenir incertain pour la Tour de Moron après un nouvel incident

24.06.2022 14h49

Avenir incertain pour la Tour de Moron après un nouvel incident

Une trentaine de marches réparties sur plusieurs étages se sont détachées de la Tour de Moron, un édifice imaginé par l'architecte tessinois Mario Botta sur les hauteurs du Jura bernois.

Photo: KEYSTONE/ANTHONY ANEX

Les dégâts subis par la Tour de Moron suscitent la consternation dans le Jura bernois. L'effondrement de plusieurs dizaines de marches extérieures porte aussi coup au tourisme régional. Auteur du projet, l'architecte tessinois Mario Botta se dit 'très triste'.

'Il faut absolument conserver cette tour et je reste optimiste pour la suite', a déclaré vendredi à Keystone-ATS André Mercerat, le secrétaire de la fondation de la Tour de Moron. Il estime que le noyau de cet ouvrage de 30 mètres de haut est toujours solide.

'La Tour est un symbole du Jura bernois, au même titre que le Chasseral', estime André Mercerat. Des visiteurs viennent de toute la Suisse pour admirer cet édifice, en particulier les familles des quelque 600 apprentis qui ont participé à sa construction.

Premier incident il y a un mois

Un incident identique s'était déjà produit il y a un mois, mais les dégâts avaient été moins importants. Plusieurs hypothèses avaient alors circulé, d'un impact de la foudre frappant la tour en passant par un acte de vandalisme. 'Mais il n'y a pas eu d'orages', a constaté André Mercerat qui écarte aussi l'acte de malveillance.

Aujourd'hui, les observateurs semblent privilégier un problème de structure ou qui soit lié à l'utilisation du calcaire.

Un mystère pour Mario Botta

Pour Mario Botta, la cause de cet effondrement est un mystère comme il l'a expliqué à Keystone-ATS. L'architecte de réputation mondiale balaie toute responsabilité. 'J'ai dessiné la tour, je n'ai pas suivi sa construction, ce n'était pas mon rôle'. Il souligne par ailleurs que la technique utilisée n'était pas révolutionnaire.

Il explique aussi que l'idée était d'utiliser de la pierre du Jura, mais que celle-ci n'étant pas disponible, on avait finalement recouru à une pierre analogue venant d'Espagne. Celle-ci a été testée par le Laboratoire fédéral d'essai des matériaux et de rechercher (Empa), ajoute Mario Botta.

Le Tessinois se dit aussi 'très triste', surtout pour les apprentis qui avaient réalisé l'édifice. 'Cela me fait beaucoup de peine, surtout pour les apprentis qui croient en leur métier', a-t-il confié.

Ouverture d'une enquête

L'effondrement d'une partie des marches s'est produit dans la nuit de mardi à mercredi. Comme le site était sécurisé après le premier incident, personne n'a été blessé. Une enquête a été ouverte par le Ministère public régional Jura bernois-Seeland. M. Mercerat préfère attendre les conclusions de l'enquête avant de se prononcer sur les causes de l'effondrement des marches.

'Incompréhensible', 'c'est terrible', 'impensable', 'trop triste', 'c'est la catastrophe', 'véritable cauchemar', 'le coeur brisé', 'quel dommage', 'mal au coeur'. Ce sont là quelques-unes des nombreuses réactions publiées sur les réseaux sociaux.

Emblème touristique

Cette tour, véritable attraction touristique du Jura bernois, a été imaginée il y a une vingtaine d'années par l'architecte Mario Botta. Quelque 600 apprentis maçons de toute la Suisse ont participé à la réalisation de cet édifice qui se dresse sur les hauteurs du Jura bernois à plus de 1300 mètres d'altitude.

La région perd donc l'un de ses emblèmes. Sur son site, Jura bernois tourisme écrit: 'fermeture exceptionnelle: cette activité est fermée pour l'instant'. 'C'est un lieu très fréquenté par les adeptes de la mobilité douce qui figure sur de nombreux itinéraires', a relevé le directeur de Jura bernois Tourisme Guillaume Davot.

La visite de ce lieu a aussi été sortie des prospectus touristiques. 'Pour la région, c'est un dégât d'image', a confié à Keystone-ATS Guillaume Davot.

Un total de 209 marches

Cet ouvrage se présente comme un cylindre entouré d'un escalier spiroïdal extérieur de 209 marches. Au sommet, une plate-forme qui permet un coup d'oeil des Vosges au Mont-Blanc et de la Forêt Noire au Säntis. Cette tour valorise le travail de la pierre parmi les apprentis. Elle symbolise aussi l'ouverture sur l'Europe.

La Halle des maçons de Moutier (BE) est à l'origine de ce projet qui a séduit Mario Botta. La référence dans le savoir-faire de la pierre de la Halle des maçons conjuguée à la griffe de l'architecte ont permis de trouver les trois millions de francs pour le projet.

/ATS