Déferlante « Everything Everywhere All At Once » attendue aux Oscars
La 95e cérémonie des Oscars compte sur la présence des suites de "Top Gun" et "Avatar" pour tenter de contrer la baisse générale de son audience.
Photo: KEYSTONE/EPA/ETIENNE LAURENTLa comédie déjantée 'Everything Everywhere All At Once' a fait une razzia sur les 95es Oscars dimanche, en remportant sept prix majeurs, dont celui du meilleur film. Son héroïne, Michel Yeoh, est la première Asiatique à recevoir l'Oscar de la meilleure actrice.
Seul le film allemand 'A l'Ouest, rien de nouveau' a réussi à exister face au long métrage déjanté, où s'entrecroisent un trou noir en forme de bagel et des jouets sexuels utilisés comme nunchakus. L'adaptation du célèbre roman pacifiste sur la première guerre mondiale a raflé quatre prix, dont celui du meilleur film international.
La déferlante 'Everything Everywhere' était annoncée depuis des semaines. Le film, qui raconte les aventures d'Evelyn, une propriétaire de laverie surmenée soudainement sommée de sauver une multitude d'univers parallèles d'une force maléfique, avait dominé toutes les remises de prix organisées avant les Oscars.
'L'histoire en marche'
Avec son casting majoritairement asiatique, ce long métrage loufoque s'impose comme un symbole pour Hollywood, souvent critiqué ces dernières années pour son manque de diversité. 'Merci à l'académie. Ceci est l'histoire en marche', a lancé la Malaisienne Michelle Yeoh, héroïne du film et première comédienne d'origine asiatique récompensée par l'Oscar de la meilleure actrice.
Dans le film, son personnage d'immigrée chinoise doit se battre contre l'alter ego de sa fille dépressive, qui menace le 'multivers' tout entier. Pour y parvenir Evelyn doit utiliser les pouvoirs de ses différentes vies alternatives, en visitant des mondes souvent complètement timbrés, où certains humains ont par exemple des doigts en forme de hotdogs.
Le duo de créateurs loufoque derrière le film, Daniel Scheinert et Daniel Kwan, s'est, lui, partagé l'Oscar du meilleur réalisateur. Sur scène, le premier a remercié ses parents d'avoir toujours soutenu son côté foldingue.
'Merci de ne pas avoir écrasé ma créativité lorsque je faisais des films d'horreur dérangeants ou des comédies perverses ou que je m'habillais en drag queen lorsque j'étais enfant', a-t-il lâché.
Quan et Curtis récompensés
Les autres stars du film, Ke Huy Quan et Jamie Lee Curtis, ont eux fait main basse sur les statuettes des meilleurs seconds rôles. Ils ont chacun fondu en larmes sur scène.
L'acteur d'origine vietnamienne, qui incarne le mari maladroit d'Evelyn dans le film, prend notamment une revanche éclatante sur une industrie qui l'avait complètement oublié. Révélé à 12 ans par 'Indiana Jones et le Temple Maudit' en 1984, il avait renoncé à sa carrière de comédien dans les années 1990, face au manque d'opportunités pour les acteurs asiatiques.
'Je n'arrive pas à croire que cela m'arrive à moi. C'est le rêve américain', s'est-il étonné.
Aux côtés de ce rouleau compresseur, également récompensé par l'Oscar du meilleur scénario original et du meilleur montage, le film 'A l'Ouest, rien de nouveau' s'est imposé comme l'autre révélation de la soirée avec quatre Oscars.
Cette nouvelle version du célèbre roman sur la grande boucherie de 1914-1918 a été élue meilleur film international et a remporté diverses récompenses techniques (photographie, décors, bande originale).
'Merci, cela signifie tant pour nous', a déclaré son réalisateur Edward Berger, qui a piloté cette troisième adaptation du chef-d'oeuvre de l'Allemand Erich Maria Remarque, la première dans la langue de Goethe.
Retour de Brendan Fraser
Le palmarès de la soirée a également vu Brendan Fraser rafler l'Oscar du meilleur acteur, pour son rôle de professeur obèse reclus chez lui dans 'The Whale, et le réalisateur mexicain Guillermo del Toro remporter l'Oscar du meilleur film d'animation grâce à sa version sombre de Pinocchio.
La soirée n'a évidemment pas fait l'impasse sur la gifle infligée l'an dernier par Will Smith à l'humoriste Chris Rock, après une blague sur l'alopécie de sa femme. Elle a encore résonné sur scène, grâce aux nombreuses blagues du présentateur de cette année, Jimmy Kimmel.
'Si quiconque dans ce théâtre commet un acte violent [...] vous serez récompensés par l'Oscar du meilleur acteur et autorisés à donner un discours de 19 minutes', a lancé avec malice l'humoriste. L'académie avait été critiquée pour avoir laissé M. Smith recevoir son prix de meilleur acteur sur scène après son agression. Il a depuis été interdit de cérémonie pendant 10 ans.
/ATS