Culture

Didier Zuchuat: «Le cinéma m’émerveille toujours»

21.01.2025 19h55 Rédaction

En 2024, les cinémas du Grütli ont enregistré une augmentation spectaculaire de leur fréquentation, avec près de 100’000 entrées. Didier Zuchuat, exploitant indépendant de plusieurs salles emblématiques à Genève, partage sa vision de l'industrie cinématographique et les défis qu'elle rencontre.

Avec une hausse de 100 % de sa fréquentation par rapport aux années précédentes, le Grütli semble incarner un nouvel engouement pour les salles obscures. Didier Zuchuat se réjouit de ces chiffres: «Tant mieux pour eux, c’est fabuleux», commente-t-il. Cependant, il nuance: «Moi, je préfère les grandes salles, les vraies, avec pignon sur rue, qui offrent une expérience cinématographique complète.»

Pour cet exploitant, les petites salles ou studios cloisonnés ne rivalisent pas avec le charme des grands espaces, qui permettent une immersion totale dans l’univers des films. «Le cinéma de recherche a sa place, mais il faut aussi des salles capables d’accueillir un public large dans les meilleures conditions» glisse-t-il.

Un modèle économique complexe

Interrogé sur la rentabilité du cinéma, Didier Zuchuat est clair: «Non, ce n’est pas un business rentable. C’est une passion.» Entre le coût de l’immobilier à Genève, les salaires minimums de ses employés et la gestion quotidienne de ses salles, il concède que son activité est avant tout un engagement personnel.

Fier de ne pas dépendre de subventions, il revendique son indépendance: «Subventions signifient remplir des cases et des quotas. Moi, je préfère rester libre et offrir un cinéma permanent, ouvert 365 jours par an.» Cette vision lui permet de préserver une diversité d’offre, allant des blockbusters aux films d’auteurs, tout en fidélisant une clientèle locale.

Le défi des grandes salles à Genève

Alors que des multiplexs comme Balexert ou La Praille attirent les foules en périphérie, Didier Zuchuat défend l’importance de maintenir des salles commerciales en centre-ville. «Les cinémas de proximité doivent offrir à la fois qualité et diversité, déclare-t-il. Tant que je suis là, je me battrai pour préserver cet équilibre.»

Pour cet amoureux des salles obscures, il ne s’agit pas seulement de rentabilité, mais de préserver une tradition culturelle. Et même s’il évoque avec une pointe de mélancolie l’idée de passer la main, il poursuit: «J’ai encore quelques années devant moi. Et je reste passionné par cette mission.»

45 ans dans les salles obscures

Avec plus de quatre décennies au service du cinéma, Didier Zuchuat reste émerveillé par son métier. Qu’il s’agisse des superproductions comme Dune ou des films intimistes mettant en scène deux acteurs, il souligne la richesse et la diversité des expériences cinématographiques.

Il rend également hommage à des figures marquantes comme Bertrand Blier, récemment décédé, tout en saluant des réalisateurs contemporains comme Clint Eastwood, qui continue de produire des œuvres exceptionnelles à 94 ans.