Dominique Ziegler met en scène «une enquête à la Agatha Christie, mais sur le cacao»
Du 6 au 18 mai, le Grütli accueille "Choc! La friandise des dieux", une pièce qui bouscule les mythes autour du chocolat. Derrière l’emblème helvétique, une histoire de domination, d’esclavage et d’exploitation.
Commandée à l’origine par le théâtre Orchestre Bienne Soler, la pièce est née d’un travail de recherche fouillé, amorcé dans les couloirs du musée du chocolat de Zurich. «Une grande fresque raconte l’arrivée du cacao en Europe, mais rien sur l’esclavage ni sur les enfants qui travaillent aujourd’hui encore dans des conditions inhumaines», déplore Dominique Ziegler. Dans Choc! La friandise des dieux, il transforme cette absence en moteur dramaturgique.
La mise en scène alterne les tableaux, de la cour de Montezuma à l’Europe contemporaine, en passant par la colonisation et l’exploitation des plantations africaines. «C’est un spectacle documenté, pas un documentaire», précise-t-il.
Une histoire suisse méconnue
Au cœur du propos: l’esclavage moderne, notamment en Côte d’Ivoire, où deux millions d’enfants travaillent dans les plantations. Pas moralisatrice, pièce mise sur le rythme, la satire et la catharsis. «Le but, c’est d’abord de divertir, ensuite d’édifier. Molière disait que la comédie doit instruire les humains sur leurs défauts tout en les divertissant. On essaie de faire ça, très modestement.»
Dominique Ziegler s’est plongé dans les travaux de Hans Fässler (Une Suisse esclavagiste) et de Thomas David (La Suisse et l’esclavage des Noirs) pour reconstituer la part suisse dans cette histoire. S’il rappelle que l’État suisse n’a jamais pratiqué l’esclavage, il met en lumière les rôles joués par certains citoyens suisses dans la traite et les plantations.
«En suivant la cabosse de cacao, on raconte l’histoire de l’humanité, de la domination», explique-t-il. L’équipe du spectacle s’est donnée pour mission de rendre ces faits historiques accessibles au grand public. C’est à voir du 6 au 18 mai au Grütli.