Don Carlos au Grand Théâtre: «pas à la hauteur de Verdi» selon Guy Cherqui
Cherqui
C’est la première production de l’année: «Don Carlos» de Giuseppe Verdi, au Grand Théâtre de Genève. Notre critique lyrique, Guy Cherqui, était présent à la première.
C’est une oeuvre majeure du compositeur italien. «Don Carlos» est à retrouver jusqu’au 28 septembre au Grand Théâtre de Genève. C’est une oeuvre extrêmement complexe, «qui naît déjà charcutée car, à sa création en 1867 elle était déjà trop longue, explique notre critique Guy Cherqui. Les spectateurs devaient rentrer avec le dernier omnibus, donc il a fallu couper. Et toute l’histoire de l’oeuvre s’est faite avec des redimensionnements, des coupures, des rajouts, etc.» Verdi s’en est toujours tenu à une version originale en Français.
L’oeuvre est donc rare. Depuis sa création, l’Opéra de Paris n’a accueilli que trois productions et, il a fallu attendre 1986 pour voir la version originale. En Suisse, seul le théâtre de Bâle l’a présentée dans ces 20 dernières années, avec seulement deux productions «C’est la raison pour laquelle j’encourage tous les spectateurs à aller entendre cette version. On la représente tellement peu que c’est une chance inouïe d’avoir une version quasiment complète, bien que l’on ait coupé l’un des moments extraordinaires de l’oeuvre.»
Voilà pour les décors. La production elle, n’était pas à la hauteur des attentes de Guy Cherqui: «Elle n’est pas à la hauteur de Verdi. Il a écrit là un de ses grands chefs d’oeuvres, une des oeuvres les plus importantes du XIXe siècle.» Le critique tacle la musique: «Il y a les notes, mais pas beaucoup de musique. Toute la profondeur de l’oeuvre, toute sa subtilité, tout raffinement n'est pas dans cette direction de Marc Minkowski.»
«Ni Minkowski, ni Lydia Steier ne me semblent avoir ouvert un dictionnaire au mot subtilité ou raffinement»
La mise en scène n’est pas non plus épargnée: «Elle est focalisée sur l’idée que l’inquisition inquisitionne, espionne. On l’a toujours su, mais elle le découvre visiblement. On est dans un monde à la Soviétique, (…) alors que ce n’est pas une oeuvre qui exige tant que ça la transposition.»
Guy Cherqui salue cependant les voix, «qui sont toutes engagées et méritantes.» Pour lui, il a «deux voix absolument exceptionnelles, qui sont celles de Stéphane Degout et celle d'Ève-Maud Hubeau. Ce sont deux incarnations exceptionnelles qui posent les rôles et montrent ce qu’est chanter Verdi en Français».