Femmes pasteures: «Il y a encore du sexisme»
En cette veille d'Ascension, nous nous concentrons sur le rôle des femmes dans l'Eglise, protestante notamment. Lauriane Savoy signe «Pionnières. Comment les femmes sont devenues pasteures». Aujourd'hui 40% des pasteurs sont des femmes, mais le parcours fut long.
Historienne et docteure en théologie, Lauriane Savoy a été interpellée par la présence de femmes pasteures dans l’Église protestante quand elle était petite. «J’ai voulu remonter à la source de cette histoire, quand les femmes ont pu devenir pasteures et dans quelles conditions cela s’est fait», explique l’auteure. La première femme pasteure en Suisse date de 1918 à Zurich, puis 1929 à Genève, mais 1972 dans le canton de Vaud. «Il y a plusieurs phénomènes qui expliquent cet écart, notamment à cause de la laïcité genevoise, mais aussi des résistances de théologiens et de pasteurs dans le canton de Vaud. Pour eux, il était inconcevable que les femmes prennent un rôle d’autorité.»
La société voulait leur célibat
Les femmes pasteures ont souvent le même profil: soit elles sont elles-mêmes filles de pasteur, soit des femmes célibataires: «Elles ont fait le choix de la carrière qu’elles voulaient. C’était souvent le cas des premières femmes pasteures. Bien qu’elles n’étaient pas contraintes à rester célibataires, la société voulait qu’elles soient complètement disponibles pour leur carrière. On pensait qu’elles ne pouvaient pas avoir d’enfants et assurer en même temps leur mission.»
À la lecture des témoignages dans le livre, on ressent une certaine discrimination à l’époque contre les pasteures, avec de nombreuses remarques sexistes. Aujourd’hui, la situation s’est normalisée: «Elles ont fait leur chemin, mais cela n’empêche pas qu’il y a encore du sexisme, avec des remarques. Certaines communautés appréhendent le départ de leur pasteure durant leur congé maternité, alors que la question ne se pose pas pour les hommes. Il y a donc encore des points sur lesquels il faut lutter.»