Culture

Guy Cherqui: «Une Salomé à voir, mais pas inoubliable»

23.01.2025 20h37 Rédaction

La première de Salomé de Richard Strauss au Grand Théâtre de Genève, mise en scène par Kornél Mundruczó, a laissé un goût contrasté. Entre une actualisation audacieuse du récit et des performances vocales mitigées, le critique lyrique Guy Cherqui salue une production solide mais loin d’être parfaite.

Présentée jusqu’au 2 février, Salomé de Richard Strauss, d’après la pièce d’Oscar Wilde, a fait son entrée au Grand Théâtre de Genève sous la direction du metteur en scène Kornél Mundruczó.

La mise en scène transpose le récit biblique dans un univers contemporain où richesse, pouvoir et sexe se mêlent. Hérodes, le roi de Judée, est représenté avec les traits de Donald Trump, une idée jugée «intéressante mais attendue» par Guy Cherqui. La première partie, réaliste, est décrite comme un «Ouragan chez les Trump», tandis que la seconde plonge dans un univers mental, fait de projections oniriques et de symboles parfois provocants.

La scène finale, avec une tête monumentale de Saint Jean-Baptiste autour de laquelle gravitent les personnages comme des parasites, a marqué les esprits par sa force visuelle. Cependant, certaines incohérences dans la caractérisation des personnages affaiblissent l’ensemble.

Des performances vocales en demi-teinte

Si la soprano Olesya Golovneva, qui incarne Salomé pour la première fois, impressionne par sa présence scénique et son engagement physique, sa prestation vocale a laissé Guy Cherqui sur sa faim: «Elle peine à atteindre la largeur vocale nécessaire au rôle, mais son interprétation visuelle compense largement.»

Le reste de la distribution, bien que solide, manque également de moments véritablement marquants. Cherqui se montre mesuré: «Personne ne perce véritablement le plafond, mais ce n’est pas non plus un scandale.»

Une direction musicale solide, mais pas mémorable

Dirigée par Jukka-Pekka Saraste, chef d’orchestre finlandais reconnu pour ses interprétations symphoniques, l’exécution musicale est jugée correcte, sans éclat particulier. «Il y a des moments très beaux, mais l’ensemble peine à s’immerger pleinement dans le drame», estime Cherqui.

Malgré ses imperfections, cette Salomé demeure un spectacle à découvrir pour son audace et certaines images marquantes. «Ce n’est pas la Salomé du siècle, mais elle vaut le détour», conclut Guy Cherqui.