L'acousmonium s'invite au Festival Archipel
Depuis plusieurs jours, la maison communale de Plainpalais vibre au rythme du Festival Archipel. Cette édition est consacrée aux arts sonores, notamment à travers une immersion singulière dans l’univers de l’acousmonium, un orchestre de haut-parleurs installé au théâtre Pitoëff.
Issu des années 70, ce dispositif permet une spatialisation du son en temps réel. À la tête de cette installation, une table de mixage agit comme un chef d’orchestre. Thierry Simonot, spécialiste du domaine, explique: «On écoute, comme si on écoutait sur son téléphone ou un CD, une piste sonore en stéréo. Et puis chacune des tirettes, soit c’est un haut-parleur, soit c’est un groupe de haut-parleurs… Parfois, il y a des choses qui vont se déplacer tout naturellement, on n’a pas besoin de les souligner.»
Les étudiants à la manœuvre
Durant deux jours, des étudiants de la Haute École de Musique de Genève ont investi l’acousmonium pour donner corps à leurs créations. En première année, Lucia Vité raconte: «La consigne de base a été de prendre, d’enregistrer nous-mêmes des sons un peu partout… Et petit à petit, au fil des cours, on a appris à traiter ces sons, à leur donner des affaires, raconter une histoire.»
L’expérience ne se limite pas à la création. Elle pousse aussi à la performance. Grâce à un système de diffusion complexe composé de dizaines de haut-parleurs et 55 voix, les étudiants manipulent leurs pièces comme des chefs de pupitre, jouant sur les fréquences, les timbres et les directions du son. «Tout est réglable, très petit, mais très grand aussi… ça habille vraiment notre pièce d’une manière différente», témoigne l'élève.
Apprendre à diffuser, interpréter, performer
Pour leur professeur, Luis Naon, cette mise en situation est essentielle: «C’est le même logiciel qui va servir in fine pour diffuser la pièce à un concert… il faut le faire, donc on assume ça aussi quand on va projeter, diffuser, performer la pièce.»
Loin du studio et du casque, l’exercice offre une autre manière de penser la composition. «C’est toute une expérience qui s’accumule et qui fait avancer les choses», conclut-il. Le public peut découvrir l’acousmonium au théâtre Pitoëff jusqu’au 13 avril, dans le cadre du Festival Archipel.