Culture

L'ex-étoile José Martinez nommé à la tête du Ballet de l'Opéra

28.10.2022 11h45

L'ex-étoile José Martinez nommé à la tête du Ballet de l'Opéra

Traditionnellement, le directeur de l'Opéra choisit lui-même le directeur de la danse mais Alexander Neef a préféré cette fois-ci s'appuyer sur un comité de sélection (archives).

Photo: KEYSTONE/AP/FRANCOIS MORI

La fin du suspense et peut-être le début d'une période d'apaisement à l'Opéra de Paris: José Martinez, ex-danseur étoile nommé vendredi directeur de la danse, a promis d'être 'à l'écoute' des 154 danseurs de la prestigieuse compagnie après les turbulences récentes.

Après la démission surprise en juin d'Aurélie Dupont et plusieurs semaines de spéculations, le choix du directeur de l'Opéra Alexander Neef s'est porté sur un autre pur produit de la maison.

Avec une différence de taille: l'ancienne danseuse étoile n'avait, à sa nomination, aucune expérience dans la direction, tandis que l'Espagnol de 53 ans a été pendant huit ans directeur de la Compagnie nationale de danse d'Espagne.

Il saura 'assurer la stabilité, le rayonnement et l'excellence du ballet de l'Opéra national de Paris', a indiqué M. Neef.

Le choix du mot 'stabilité' ne semble pas anodin, après les turbulences traversées par le Ballet de l'Opéra depuis le départ de Brigitte Lefèvre (1995-2014). Son successeur, le chorégraphe Benjamin Millepied, a claqué la porte un an plus tard, pour se consacrer à sa carrière artistique.

Et Aurélie Dupont fera face à un sondage interne explosif des danseurs, mettant en cause son manque de dialogue. Louée pour avoir amené de jeunes chorégraphes, elle a été toutefois critiquée pour sa programmation jugée trop contemporaine aux dépens du répertoire classique.

'L'ADN modifié' du Ballet

Lors d'un point de presse au Palais Garnier, José Martinez, qui prendra ses fonctions en décembre, a qualifié sa rencontre avec les danseurs en matinée d'un 'moment fort d'émotion'. 'Je leur ai expliqué vouloir être complètement disponible pour eux, installer une relation de confiance et faire un suivi de plan de carrière de chacun'.

Si en Espagne, la compagnie compte une cinquantaine de danseurs, il va devoir gérer 154 danseurs à l'Opéra.

Confiant, il a affirmé que ses huit ans d'expérience de direction, son travail en freelance les deux dernières années dans différentes compagnies européennes, ainsi que sa connaissance de 'la maison', étaient 'un bagage suffisant pour gérer la compagnie'. Désireux de discuter d'éventuels changements avec les danseurs, il a assuré ne pas avoir 'de problème d'égo': 'Je ne viens pas pour imposer les choses'.

Danseur noble par excellence, José Martinez est né à Carthagène en Espagne en 1969. Il intègre l'Ecole de danse de l'Opéra de Paris en 1987 et, un an plus tard, rejoint le Ballet de l'Opéra à 19 ans et obtient le titre suprême d'étoile le 31 mai 1997.

Même s'il dit 'revenir en terrain connu', il fera face une génération assez différente de la sienne: très présente sur les réseaux sociaux et surtout, pour une partie d'entre eux, avec un désir plus marqué pour le contemporain que pour la danse académique.

Au fil des années, 'l'ADN de la compagnie s'est modifié, avec des danseurs polyvalents', a-t-il constaté, espérant établir un 'équilibre' dans ses programmations.

Ces dernières années, 'il a manqué un peu plus de créations à vocabulaire classique', a-t-il dit, affirmant vouloir des 'oeuvres avec des dramaturgies qui traitent de sujets actuels et des chorégraphes qui s'intéressent à l'évolution de la danse classique'.

'On dit que la compagnie est divisée entre les classiques et les contemporains et qu'il y a une sorte de rupture, je pense que ce type de répertoire va faire le lien', a-t-il indiqué.

Voulant 'amener la danse classique au XXIe siècle', il veut programmer 'de nouvelles versions' de ballets du répertoire, tout en préservant les sacro-saintes versions de Rudolf Noureev.

Chorégraphe entre autres du ballet 'Les Enfants du Paradis' pour l'Opéra, il a dit être nullement frustré par le fait de devoir mettre de côté ses activités extérieures. Il pense même reprendre une idée déjà tentée par Benjamin Millepied avec l'Académie chorégraphique, pour encourager des talents maison.

/ATS