La petite histoire de «Figures entrelacées»
Parfois, le marbre semble vouloir se souvenir de l’eau.
«Figures enlacées» de Laurent-Dominique Fontana, dort au bord du lac, bercée par les flots comme un songe oublié. Sculptée sans souci de ressemblance, la pierre ne raconte pas des corps, mais une étreinte : une fusion douce, un geste suspendu.
Initialement pensée pour sommeiller au creux du barrage du Seujet, l’œuvre a trouvé refuge non loin de la Perle-du-Lac. Là, elle dialogue avec les éléments — le clapotis contre la rive, le vent sur les feuillages, la lumière mouvante du Léman.
Son marbre, taillé à même la densité du temps, s’abandonne aux saisons. L’hiver, le lac monte et vient la recouvrir partiellement, comme pour la reprendre un instant. L’été, elle émerge, silencieuse, offerte au regard.
Fontana ne cherche pas à figer la forme, mais à ouvrir un espace : celui d’un trouble, d’un glissement entre nature et présence humaine. Figures enlacées ne marque pas le territoire — elle l’habite, elle l’écoute. Et dans cette proximité avec l’eau, elle invite à rêver non pas au-delà du réel, mais juste au bord.