Culture

Latifa Echakhch et Zineb Sedira au Kunsthaus de Bâle-Campagne

05.06.2022 10h00

Latifa Echakhch et Zineb Sedira au Kunsthaus de Bâle-Campagne

L'artiste Latifa Echakhch pose devant une installation lors de l'inauguration du pavillon suisse de la 59e Biennale des arts à Venise en avril dernier.

Photo: Keystone/AP/LUIGI COSTANTINI

Le Kunsthaus de Bâle-Campagne à Muttenz réunit Latifa Echakhch et Zineb Sedira. Ces deux artistes d'origine nord-africaine exposent dans les pavillons suisse et français de l'actuelle Biennale de Venise.

'For a Brief Moment [...] Several Times', tel est le titre énigmatique de la première exposition commune des deux artistes amies. Mais peu à peu, il devient clair que les deux artistes laissent apparaître des bribes de souvenirs d'archives ou de leur propre histoire pour écrire de nouvelles histoires - ou réécrire l'histoire, comme Zineb Sedira l'a dit jeudi devant les médias.

Cette dernière a des racines algériennes et a grandi en France. Elle retravaille cette relation dans ses œuvres sous forme de collages et dans un film composé de pellicules endommagées de la guerre d'Algérie des années 1960. L'éveil de la conscience de soi des mouvements de libération, qui s'est manifesté en 1969 lors du premier festival panafricain en Algérie, est au centre de ce film.

De la Biennale de Venise à Muttenz

Zineb Sedira a exposé au pavillon français de la Biennale de Venise - une grande distinction pour un artiste. Son œuvre y a suscité et suscite toujours une grande attention. Son œuvre y a suscité et suscite toujours une grande attention.

Il en va de même pour l'artiste Latifa Echakhch, née au Maroc et vivant en Valais, qui a conçu le pavillon suisse à Venise.

Elle aussi s'occupe de souvenirs qu'elle fixe comme des flashs dans des installations. Chez elle, il s'agit de tapis persans colorés à l'encre noire et recouverts de différents objets du quotidien, qui laissent chacun une tache ronde et non travaillée. Cette tache ressemble à une partie d'une scène sombre ou d'un décor de film lugubre, éclairée par un projecteur de spot.

Dans ce décor, les objets ont également leur part d'ombre et de lumière. Il s'agit de verres, de bouteilles, de paquets de cigarettes, de haut-parleurs et de disques qui rappellent des moments de rassemblement de personnes, mais qui sont masqués. Des rubans de festival laissent penser que l'on a fait la fête en musique.

Zineb Sedira et Latifa Echakhch traitent différemment les souvenirs archivés. Le traitement de Zineb Sedira de la guerre de libération en Algérie est hautement politique, mais néanmoins très personnel. Les flashs de mémoire de Latifa Echakhch, quant à eux, partent de souvenirs très personnels qui, en occultant les protagonistes, ont quelque chose d'un manifeste.

/ATS