Culture

Le Kunsthaus de Zurich renforce la recherche de provenance

14.03.2023 13h47

Le Kunsthaus de Zurich renforce la recherche de provenance

Ann Demeester, directrice du Kunsthaus de Zurich, et Philipp Hildebrand, président de la Société des beaux-arts, ont présenté mardi leur nouvelle stratégie en matière de recherche de provenance des oeuvres d'art de la collection du musée.

Photo: KEYSTONE/MICHAEL BUHOLZER

Le Kunsthaus de Zurich met en place une nouvelle stratégie de recherche de provenance pour sa collection. Une commission internationale indépendante d'experts participera à ces travaux. L'examen systématique de la collection sera approfondi.

Pour mener à bien ces recherches, le musée se donne des ressources supplémentaires, a indiqué mardi la Société des beaux-arts, propriétaire de la collection du Kunsthaus. L'institution travaillera avec 'une meilleure transparence'. La commission d'experts devrait être mise en place d'ici l'automne.

'A l'avenir, le Kunsthaus traitera de manière plus proactive les oeuvres qui, après des recherches approfondies, pourraient être considérées comme des biens culturels spoliés par les persécutions nazies', souligne la Société des beaux-arts. 'Cela peut inclure, dans des conditions spécifiques, des ventes d'oeuvres d'art par des émigrés dans des pays tiers dits sûrs, en dehors de la sphère d'influence des nazis, comme la Suisse'.

Stratégie 'moderne et claire'

L'objectif premier de cette nouvelle stratégie 'moderne et claire' est de vérifier la provenance des oeuvres de manière professionnelle et de permettre des solutions 'justes et équitables' si des indices montrent qu'il s'agit d'oeuvres spoliées, a indiqué Philipp Hildebrand, président de la Société des beaux-arts. 'Il s'agira d'un processus long et complexe', car chaque oeuvre est 'un cas particulier'.

L'examen systématique en cours de la collection se poursuit et est approfondi. La provenance des oeuvres créées avant 1945 et ayant changé de propriétaire entre janvier 1933 et mai 1945 sera examinée, précise la Société des beaux-arts. Le Kunsthaus va progressivement intensifier la médiation interne et externe et 'se mettre encore plus en réseau au niveau professionnel'.

'Grande responsabilité sociale'

'En tant que musée, nous avons une grande responsabilité sociale', souligne la directrice du Kunsthaus, Ann Demeester. 'Dans ce contexte, nous considérons qu'il est essentiel d'adopter une approche proactive et aussi transparente que possible'. La directrice souligne que 'la recherche de provenance est complexe' et qu'elle 'ne peut être menée à bien que par des spécialistes'.

Avec cette nouvelle stratégie, le Kunsthaus réagit aux critiques émises à propos de la collection Bührle. Il tient également compte d'un changement de perception sur la problématique de l'art spolié. Par 'art spolié par les nazis', on a longtemps pris en compte uniquement les biens culturels que les nazis avaient directement soustraits à leurs propriétaires, juifs pour la plupart.

Art spolié et biens en fuite

Dans le rapport Bergier de 2002, il était aussi question de 'biens en fuite', c'est-à-dire d'oeuvres d'art vendues par leurs propriétaires dans un pays tiers comme la Suisse. En ce qui concerne les questions de restitution et d'indemnisation, les critères appliqués aux biens en fuite étaient différents de ceux concernant l'art spolié.

La notion de biens culturels soustraits pendant la persécution nazie, intégrée dans la nouvelle stratégie du Kunsthaus, englobe aussi bien l'art spolié que les biens en fuite. Elle s'applique à un plus grand nombre d'oeuvres sur lesquelles les héritiers d'anciens propriétaires peuvent faire valoir des droits.

La collection Bührle, exposée au Kunsthaus, fait l'objet d'une analyse séparée. L'historien zurichois Raphael Gross a été désigné pour évaluer les recherches de provenance effectuées jusqu'à présent par la Fondation Bührle, propriétaire des oeuvres. Les résultats de cette expertise sont attendus pour le printemps 2024.

/ATS