Culture

Le Vision art festival fait de Crans-Montana un musée à ciel ouvert

22.06.2022 08h43

Le Vision art festival fait de Crans-Montana un musée à ciel ouvert

Parmi les 130 oeuvres créées dans le cadre du Vision art festival un peu partout à Crans-Montana figurent Les papillons de l'artiste Mantra.

Photo: KEYSTONE/LAURENT GILLIERON

Depuis huit ans, le street art s'invite sur les murs en béton de Crans-Montana. Dans le cadre du Vision art festival, des artistes suisses, internationaux, novices ou de renom ont signé plus de 130 oeuvres. De quoi transformer la station en musée à ciel ouvert.

Les fresques apparaissent au détour d'une rue, sur un muret, une installation de remontées mécaniques ou encore en plein centre des différents villages. Certaines sont encore fraîches, d'autres ont la couleur de celles qui ont déjà vu passer quelques saisons.

'Les oeuvres habillent les façades, mettent en valeur le patrimoine, invitent les passants et les touristes à lever la tête: c'est une plus-value pour la commune', explique à Keystone-ATS Gregory Pages, fondateur et directeur de Vision art festival, festival d'art urbain qui se tient chaque année en été. En huit ans, le rendez-vous a créé un musée de plus de 130 oeuvres qui se visite à pied, à vélo et même à skis entre 1300 et 2600 mètres.

Toute l'année, l'association formée autour du festival propose aux intéressés de découvrir les oeuvres réalisées durant des tours d'environ deux heures. L'an passé, environ 1400 personnes ont participé, estime Gregory Pages, mais il est difficile de quantifier le nombre de passants que l'art urbain touche effectivement au quotidien. Les curieux peuvent aussi partir à sa découverte de manière indépendante puisqu'une carte interactive pointant l'emplacement exact des oeuvres est disponible sur le site du festival.

La nature en embuscade

Du côté de l'office de tourisme de Crans-Montana, les retours sont 'excellents'. 'Autant les personnes qui ont par hasard vu des œuvres sur leur parcours, que celles qui ont fait une balade pour aller voir les œuvres sont ravies de ces touches artistiques qui transforment le visuel des lieux', note Sophie Clivaz, coordinatrice communication.

Un couple qui monte régulièrement en station confirme avoir remarqué avec plaisir l'un des graffitis mais il n'avait pas compris qu'elle s'inscrivait dans un tout. 'Il y a des goûts et des couleurs, et pas toutes les oeuvres me plaisent, mais elles ont le mérite de redonner du peps aux murs', réagit une autre passante qui aime particulièrement les papillons très poétiques du centre de Crans-Montana. Elle se souvient aussi d'une oeuvre 'superbe', réalisée sur l'asphalte qui a depuis disparu, chassée par les aléas de la nature.

Le vent, la pluie, la neige, les chasse-neige, le sel ne facilitent pas la tâche du festival d'art urbain. 'Lorsque les oeuvres sont trop abîmées, d'autres viennent les remplacer', souligne Gregory Pages. Des photos de la quarantaine de compositions aujourd'hui disparues forment désormais une collection que le public peut également visiter.

Retour à l'école

Dans un tunnel non loin de l'école de Chermignon, deux nouvelles oeuvres ont vu le jour ces derniers mois dans un tourbillon de bleu, de blanc et d'or. Elles font partie des quatorze créations réalisées par sept artistes (Tones One, CRBZ, Fleur Blume, Philippe Baudelocque, Cedrik Kesa, Rosalind Monks et Miguel Ruiz 'Guillen' ) en collaboration avec les plus de 750 élèves des écoles primaires des communes de Crans-Montana, Lens et Icogne.

Cette année, le festival, qui se tient habituellement fin juillet, a adapté son calendrier pour inclure les élèves dans son programme et les initier aux arts visuels. Les enfants ont ainsi réalisé une oeuvre avec un artiste, puis celui-ci en a peint une deuxième sur le même thème, créant un dialogue entre les deux.

A Chermignon, l'artiste lausannois CRBZ a travaillé avec les élèves sur la calligraphie, à l'origine de son style qualifié de calligraffiti sur la scène de l'art urbain. Le vrai défi, raconte-t-il, a été de leur apprendre à utiliser une technique qui m'a pris des années à maîtriser.

Curiosité et fibres artistiques

Devant les deux oeuvres, celui qui est aussi animateur socio-culturel se réjouit d'avoir vu les enfants prendre confiance en eux au fil des jours et de les voir fiers de leur travail. 'Nous sommes parvenus à transformer ce tunnel quelconque en un centre d'attraction pour les jeunes qui reviennent accompagnés de leurs amis et famille mais aussi pour les habitants'.

Les élèves ont développé une certaine curiosité pour l'art, voire se sont découvert une fibre artistique, analyse Gregory Pages. Un moyen aussi de promouvoir l'art urbain parmi les plus jeunes, de susciter des vocations ou de leur apprendre à remarquer ces oeuvres qui se multiplient autour d'eux.

/ATS