Les «crimes passionnels» sous la plume de Corinne Jaquet
Après «Meurtres sur commande», l’auteure Corinne Jaquet s’intéresse aux crimes dits passionnels survenus en Suisse de 1967 à 1999.
C’est inscrit dans notre code pénal, à l’article 113: «Si un délinquant a tué en proie à une émotion violente que les circonstances rendaient excusables, il sera puni d’une peine privative de 1 à 10 ans.» C’est cette notion de «crime passionnel» que l’auteure Corinne Jaquet interroge dans son recueil de faits divers ayant eu lieu en Suisse entre 1967 et 1999. «Je suis allée chercher les dernières affaires en date où les condamnés ont bénéficié de l’atténuante de Crime passionnel. Il y a aussi des femmes qui l’ont obtenu, un enfant usé par son père aussi, par seulement des hommes ayant tué leur épouse» explique l’auteure.
Mais alors que 25 personnes ont été tuées par un proche l’an dernier, dont 18 femmes, n’est-ce pas la défense du féminicide ? «On se fait accuser de défendre le féminicide. Dans les histoires que je raconte, ce sont des êtres malheureux et poussés à bout. En général, dans ces cas, il y a un choix: ce sont eux ou leurs victimes. Il y a l’histoire d’une femme à Monthey qui tue son mari car ce dernier menace de tuer toute la famille. Elle ne le fait pas par plaisir de l’abattre, mais pour protéger sa vie et celle de ses enfants.»
La France a supprimé la notion de «crime passionnel» en 1994. Pour Corinne Jaquet, contrairement au texte porté à Berne, il faut le maintenir: «Imaginez ce cas du fils usé par son père, et qui finit pas le tuer. Il peut bénéficier du «crime passionnel» ce qui est bien. Mais j’aimerais que l’on ajoute le «crime sur conjoint» comme en France, car ça, c’est une notion aggravante. Je pense qu’il faudrait se battre pour cela à Berne.»
L’auteure s’arrête aux affaires à la fin des années 1990: «Il y a une forme de pudeur. Il faut aussi ne pas pouvoir reconnaitre les victimes et tueurs. La plupart ont des enfants qui ont grandi avec ce poids sur les épaules.»
Le livre «Des crimes passionnels» est édité au Chien jaune.