Culture

Mgr Morerod: «Il faut revoir en partie ce que signifie être prêtre»

10.05.2024 20h32 Rédaction

Dans «Tu n’abuseras point» de la journaliste Camille Kraft, l’évêque se confie sur son hospitalisation à la fin de l’année passée et sur les abus au sein de l’Église catholique.

Évêque de Lausanne, Genève et Fribourg depuis 2011, Mgr Charles Morerod a décidé de se confier. C’est dans un livre d’entretiens avec Camille Kraft, journaliste au Temps, qu’il a choisi de parler. «Je l’ai demandé», explique-t-il. Il revient d’abord sur ses soucis de santé en fin de l’an passé. À ce moment-là, il frôle la mort. «Pour nous croyants, nous espérons voir Dieu. Ce n’est pas une source de peur. On ne sait pas comment on l’affronte quand elle arrive. Je me demandais si je devais en avoir peur, ou la souhaitait».

Abus: «Nous ne sommes pas immobiles»

Interrogé sur les abus, il revient sur ce moment où il a voulu accélérer le rythme. «On accorde la première place aux victimes. J’ai rencontré des victimes quelques mois après mes débuts comme évêque et je me suis lié à leur projet de créer une commission indépendante pour les abus sexuels dans l’Église en Suisse. (…) Toutes les personnes qui travaillent dans mon diocèse doivent suivre une formation sur le sujet. Nous communiquons les questions que l’on reçoit à la police. Donc, nous ne sommes pas immobiles. Évidemment, cela ne suffit pas.» Il appelle aujourd’hui à multiplier les approches pour mieux comprendre ce qui favorise les abus et les éviter.

Dans ces entretiens, il esquisse également la place des femmes et l’ouverture de l’ordination. «Je pense que dans les églises, il y a toujours plus de femmes que d’hommes. J’ai essayé d’en associer à des responsabilités là où je peux le faire. Mais je pense que lier responsabilités et le fait d’être prêtre, c’est une partie du problème. Ça favorise les abus par une sorte d’impunité. Il faut revoir en partie ce que signifie être prêtre», conclut-il.