Culture

«Nicolas Bouvier est devenu le saint patron des voyageurs»

07.12.2023 20h08 Rédaction

Bouvier Bouvier

Ce jeudi, la Société de Lecture recevait Samuel Labarthe et François-Henri Désérable pour une discussion autour de l'auteur genevois Nicolas Bouvier.

D’un côté, Samuel Labarthe. Acteur franco-suisse d'origine genevoise, il s’est fait remarquer dans le rôle du commissaire Laurence dans la série Les Petits Meurtres d'Agatha Christie. C’est aussi la voix française de George Clooney. De l’autre, François-Henri Désérable. Cet ancien hockeyeur professionnel est écrivain depuis plus de 10 ans. Le point commun entre les deux? Leur admiration pour Nicolas Bouvier. François-Henri Désérable a suivi les traces de l’auteur genevois lors d’un road-trip en Iran durant quarante jours. Son expérience est retranscrite dans «L'Usure d'un Monde, une traversée de l'Iran». Quant à Samuel Labarthe, il prête sa voix à Nicolas Bouvier l’adaptation scénique de «L’usage du monde» -paru en 1963-, jusqu’au 26 janvier au Théâtre de Carouge.

«Comme un évangile»

Tous deux se sont retrouvés ce jeudi à la Société de Lecture pour discuter de l'oeuvre de l'ateur. «Son nom attire beaucoup de monde à Genève, donc on était très heureux de voir que son nom rayonnait au firmament dans sa ville natale. C’était très émouvant de voir ça car Bouvier n’a pas eu beaucoup de succès pendant longtemps, explique François-Henri Désérable. «L’usage du monde» est publié en 1963 et ce n’est qu’à la fin des années 90 que cela commence à prendre. Et Bouvier est devenu le saint patron des voyageurs, «L’usage du monde» est comme un évangile. Ça a été pour moi une déflagration de découvrir cette prose.»

De son côté, Samuel Labarthe voit dans les textes de Bouvier la vision d’un monde ouvert et éloigné du tourisme de masse: «Il y a beaucoup de jeunes qui viennent voir le spectacle et qui sont émerveillés de voir qu’il y avait un monde comme ça avant. C’était un monde immense, sans frontière. On allait vers l’autre avec un vrai désir d’altérité.» Au-delà de ses récits, nos deux invités saluent son style, «qui nous tire les larmes des yeux». «Il a une capacité de dresser des portraits qui nous touchent énormément, mais toujours de façon concise et sans mot de travers», racontent-ils en cœur. Sur scène, Samuel Labarthe explique retranscrire les écrits de l’auteur genevois, mais dois parfois «se concentrer un peu plus» pour tenir face à la beauté du texte.

François-Henri Désérable, raconte lui, dans «L'Usure d'un Monde, une traversée de l'Iran», son voyage en 2022. «J’ai été boulversé par le courage de la jeunesse iranienne qui osait défier le régime en sachant le risque qu’elle encourait», explique-t-il. Pour lui, les textes de Bouviers restent d’actualité, malgré l’évolution du monde. «On essaye de garder l’émerveillement du livre de Bouvier, de cet Iran de 1953, sans être accablé par un sentiment d’injustice.»