«On se retrouve coincés avec un salaire qui n’est pas du tout à la hauteur»
Le violoniste de l’Orchestre de chambre de Genève Marc Liardon est l’un des signataires d’une lettre ouverte. Il gagne 2'800 francs brut par mois, contre jusqu'à 11'000 francs pour un musicien de l’OSR.
Intégré en 1994 dans l’Orchestre de chambre de Genève (OCG), Marc Liardon est chef d’attaque 2e violon. À temps partiel il ne touche que 2’800 francs brut par mois. S’il se dit fier d’appartenir à l’ensemble et explique pratiquer son travail avec beaucoup d’enthousiasme, sa situation est dure financièrement. «C’est une vie pas facile , raconte-t-il. Il faut se rendre compte que quand on habite comme moi à Genève, ce n’est pas toujours facile de joindre les deux bouts mois après mois.»
En parallèle de son activité, le violoniste enseigne. Certains de ses collègues doivent, eux, cachetonner, c’est-à-dire apparaître dans d’autres groupes musicaux. Ces cachets sont souvent faibles et sans charges sociales incluses. «Pour une personne qui a deux enfants et doit les élever toute seul, cela devient impossible avec si peu d’argent, ajoute Marc Liardon. Or, si l’on veut cachetonner, il faut du temps. On ne peut pas donner plus de temps que l’on a dans 24 heures, donc on se retrouve coincés avec un salaire qui n’est pas du tout à la hauteur.»
«On en est réduit à chercher des fonds privés»
Le musicien a milité pour un contrat collectif dans son orchestre il y a quelques années. Néanmoins, l’annuité n’a pas été abordée car la survie de l’OCG serait en jeu : «Cela fait que nous ne sommes pas intéressants pour les jeunes». Cette situation l’a poussé avec d’autres collègues à écrire une lettre ouverte aux autorités. La gestion de son orchestre n’est toutefois pas dans le viseur: «On a de l’argent de la Ville qui est largement insuffisant pour tourner, détaille-t-il. On en est réduit à chercher des fonds privés, mais d’une année à l’autre c’est impossible de trouver les mêmes sommes. Donc on ne peut plus fonctionner.»
Lundi dans Forum sur La Première, Sami Kannan rejetait la faute sur le Covid, appelait le Canton à investir davantage et rappelait la hausse des subventions par la Ville de Genève. «La subvention de 500'000 francs qui nous a été attribuée nous a juste servi à ne pas mettre la clef sous la porte. Donc on est toujours à des niveaux de salaires tellement bas que cela n’a rien changé pour nous. Cela nous a permis d’avoir encore du travail, mais on ne peut pas continuer de cette manière-là.»
À titre de comparaison, un musicien de l’Orchestre de la Suisse romande touche entre 9’000 et 11'000 francs indemnités comprises, en fonction des années d’expérience, ce qui n’est pas le cas à l’OCG. «Je ne pense pas que les musiciens de l’OSR sont trop payés. Je pense que c’est nous qui ne sommes pas assez payés. Je ne suis pas jaloux, mais j’aurais besoin que l’on soit plus dans la dignité», conclut-il.