Rima Hassan invitée au Black Movie: l’indignation à géométrie variable?
COMMENTAIRE - L’eurodéputée, sous le coup de plusieurs plaintes notamment pour «apologie du terrorisme», est l’invitée du festival genevois de cinéma, largement subventionné par la Ville. Cette présence questionne.
Rima Hassan, l’eurodéputée et égérie palestinienne de La France Insoumise est invitée à Genève au Festival Black Movie. Il est prévu qu’elle parle de son engagement en faveur des réfugiés et de son parcours, en marge des courts-métrages. Cette personnalité controversée fait face à plusieurs plaintes, notamment pour «apologie du terrorisme». L’élue LFI estime par exemple:
Si les franco israéliens sont autorisés à servir dans l’armée israélienne tout en jouissant des acquis de la double nationalité. Tout franco palestinien doit pouvoir rejoindre la résistance armée palestinienne dont la légitimité est reconnue par les résolutions des nations unies…
— Rima Hassan (@RimaHas) December 18, 2024
Ses détracteurs lui reprochent un appel déguisé à rejoindre le Hamas, au nom d’une légitime résistance. Elle n’a jamais été condamnée.
Sa venue crispe des collectifs et une partie de la droite. Une lettre d’une centaine de citoyens a été envoyée aux autorités cantonales et de la Ville pour leur demander d’empêcher cette rencontre avec la militante. L’UDC va adresser une question écrite urgente au Conseil d’État.
En quoi cette présence pose-t-elle problème?
Le festival Black Movie bénéficie de subventions publiques: 441’800 francs de la Ville, 20'000 francs du canton. Le risque, c’est d’offrir une tribune politique financée avec de l’argent public. Rima Hassan n’est pas une personnalité du monde culturel, mais une militante.
Les autorités invoquent la liberté d’expression culturelle du festival. Genève doit en effet rester une ville où la liberté d’expression est garantie et encouragée. Mais il faut constater qu’elle est à géométrie variable.
Souvenez-vous: en 2021, la venue à Genève du polémiste Éric Zemmour avait provoqué un tollé. À la différence de Rima Hassan, le politicien d’extrême-droite avait déjà été condamné. Mais il était venu dans un cadre privé. Cela n’avait pas empêché le Conseil administratif de réagir en déclarant qu’il n’était pas le bienvenu et en refusant de mettre à disposition un lieu géré par la Ville. Dans le cas de Rima Hassan, c’est silence radio. L’indignation est aussi à géométrie variable. L’avantage, c’est que cela donne une idée assez précise de l’orientation de la politique culturelle à Genève.