Culture

Stabat Mater à la cathédrale: un choc lyrique et spirituel

12.05.2025 19h42 Rédaction

stabat

Reflets de première avec Guy Cherqui sur Stabat Mater, œuvre bouleversante mise en scène par Roméo Castellucci. Dans le cadre solennel de la cathédrale Saint-Pierre, musique, symboles et émotion se conjuguent pour une expérience singulière.

Une cathédrale Saint-Pierre pleine à craquer et un silence chargé d’émotion dès les premières notes. Guy Cherqui, critique pour Wanderersite.com, était à la première du Stabat Mater à Genève. «La longue queue qui serpentait sur le parvis, c’était déjà une émotion en soi», confie-t-il. L'intérieur plongé dans la pénombre ajoutait à cette atmosphère «étrange et très prenante».

Le pari de Roméo Castellucci, metteur en scène de renommée mondiale, semble tenu. «C’est une recette à trois éléments gagnants», détaille Guy Cherqui : la musique bouleversante de Pergolesi, enrichie par une ouverture et une conclusion du compositeur contemporain Giacinto Scelsi ; le lieu, la cathédrale Saint-Pierre, «qui pèse de tout son poids d’histoire et de spiritualité» ; et enfin «un duo vocal hors norme».

Excellence vocale… qui nous laisse sans voix

Sur scène, Barbara Hannigan – qui assure aussi la direction musicale – et Jakub Józef Orliński, star des contreténors, livrent une performance exceptionnelle. «Ce sont des artistes d’exception, chacun dans leur registre», insiste Guy Cherqui.

L’œuvre dépasse sa portée religieuse. Si elle repose sur une tradition catholique, Roméo Castellucci en tire un message plus large. «Il part de l’adoration mariale pour atteindre une douleur universelle», observe Guy Cherqui. Une douleur qui transcende la perte d’un fils, pour évoquer aussi la guerre et les souffrances contemporaines. Dès le début, les musiciens en treillis, instruments brandis comme des armes, frappent les esprits.

L'événement est aussi musicalement très abouti. Deux ensembles se partagent la partition: Contrechamps pour les pièces de Scelsi et Il Pomo d’Oro pour Pergolesi. «Tous deux sont absolument remarquables», salue le critique qui n’hésite pas à dire que cette œuvre restera gravée comme l’un des moments phares du mandat d’Aviel Cahn à Genève.

Un moment à vivre jusqu’au 18 mai, et bien couvert car la chaleur de Saint-Pierre n’égale pas celle du Grand-Théâtre.