Culture

Tableau de Miriam Cahn vandalisé par un ancien élu d'extrême droite

09.05.2023 14h35

Tableau de Miriam Cahn vandalisé par un ancien élu d'extrême droite

On apprend mardi que c'est un ancien élu d'extrême droite qui a vandalisé une des toiles de Miriam Cahn, exposées à Paris.

Photo: KEYSTONE/CHRISTIAN BEUTLER

C'est un ancien élu d'extrême droite, qui a vandalisé un tableau de l'artiste suisse Miriam Cahn dimanche dans un musée à Paris. Le parquet de la capitale française a annoncé l'ouverture d'une enquête pour dégradation de bien culturel.

Le parquet de Paris a interpellé un octogénaire qui a projeté dimanche de la peinture sur l'oeuvre 'Fuck abstraction!' exposée au Palais de Tokyo, un centre spécialisé dans l'art contemporain.

Ce tableau représente une personne aux mains liées, contrainte à une fellation par un homme puissant sans visage. Pour ses détracteurs, la victime est un enfant, ce que dément l'artiste, invoquant la représentation du viol comme arme de guerre et crime contre l'humanité.

Dimanche après-midi, un homme 'a dégradé volontairement' cette oeuvre 'en y projetant de la peinture' mauve, a indiqué le musée à l'AFP. Il 'a été immédiatement appréhendé par les agents de sécurité (...) et emmené par la police'.

Le président français Emmanuel Macron a 'condamné' lundi sur Twitter cet 'acte de vandalisme': 's'en prendre à une oeuvre, c'est attenter à nos valeurs. En France, l'art est toujours libre et le respect de la création culturelle, garanti'.

Différentes associations de protection de l'enfance, considérant le tableau pédopornographique, avaient réclamé son décrochage mais elles ont été déboutées au printemps par le tribunal administratif de Paris puis par le Conseil d'Etat.

'Instrumentalisation'

La ministre de la Culture Rima Abdul Malak a dénoncé 'l'instrumentalisation' de ce tableau par le parti d'extrême droite Rassemblement national (RN) 'pour susciter la polémique et attaquer la liberté de création des artistes', et interpellé la cheffe de file du mouvement Marine Le Pen.

Mme Le Pen a nié mardi toute responsabilité dans la dégradation, attribuant ce geste à un 'comportement individuel'. 'Vous ne pouvez pas être tenu responsable d'un fait individuel de quelqu'un qui a été conseiller municipal il y a huit ans', a-t-elle dit sur Sud Radio, en assurant que l'auteur n'était plus membre du parti. 'Il a eu tort de le faire', a-t-elle ajouté.

Le Palais de Tokyo, qui a annoncé porter plainte, a précisé qu'il continuerait 'à présenter le tableau et l'exposition', 'avec les traces de la dégradation jusqu'à la fin prévue de la saison, le 14 mai'.

Le directeur de Pro Helvetia choqué

'Je suis très choqué, a déclaré le directeur de Pro Helvetia Philippe Bischof à Forum sur les ondes de la RTS lundi soir. Avec les réseaux sociaux, on peut très facilement décontextualiser les oeuvres d'art, les sortir du musée sans connaître la démarche de l'artiste', a-t-il poursuivi.

Ce n'est pas la première fois qu'une artiste suisse d'art contemporain suscite une forte controverse. L'exposition 'Swiss-Swiss Democracy' de l'artiste suisse Thomas Hirschhorn Centre culturel suisse de Paris (CCSP) en 2005 n'avait pas laissé indifférent. L'artiste bernois s'en était pris à Christoph Blocher, alors conseiller fédéral.

'Mais agresser une oeuvre d'art, c'est autre chose que d'en discuter de façon critique', a-t-il poursuivi. Selon Forum qui a contacté Miriam Cahn lundi après-midi, celle-ci se dit fatiguée par cette polémique.

/ATS