Thierry Barrigue: «Ils sont morts pour être vivants, pour être libres»
Dix ans après l’attentat contre Charlie Hebdo, Thierry Barrigue, dessinateur et cofondateur de Vigousse, rend hommage aux disparus tout en appelant à poursuivre le combat pour la liberté d’expression.
Le 7 janvier 2015, l'horreur frappait le journal satirique Charlie Hebdo. Une attaque orchestrée par les frères Kouachi, agissant au nom d'Al-Qaïda, décimait la rédaction du journal et faisait 17 morts, dont les emblématiques dessinateurs Charb, Cabu et Wolinski. Dix ans plus tard, le souvenir de cet attentat reste marquant.
«C'était mes amis, nos amis,» confie Thierry Barrigue, évoquant des décennies de collaboration et d'amitié avec Cabu et Wolinski. Il insiste sur l'importance de «se battre, de rester vivant», un message qu’il adresse à toutes les générations, surtout dans une société parfois paralysée par la peur.
Un héritage fragilisé
Aujourd’hui, l’esprit Charlie semble cependant affaibli. Selon Barrigue, «les jeunes n'acceptent plus l'humour provocateur,» illustrant une fracture générationnelle. Pour lui, cet héritage est un combat quotidien, face à une société où la liberté d'expression est souvent remise en question.
Il reste toutefois optimiste: «Nous devons transmettre ce privilège de s’exprimer librement.» Les défis sont multiples, notamment dans un paysage où le dessin de presse peine à survivre. Le New York Times a par exemple arrêté de publier des dessins voilà plusieurs années. Le dessinateur déplore également la disparition progressive de la presse papier et l'autocensure imposée par la précarité.
Pour Barrigue, la clé réside dans la persévérance. Vigousse, qu’il dirige depuis 15 ans, incarne cette résistance. Il invite à soutenir ces «îlots de liberté» par des abonnements et une mobilisation active des lecteurs. «La guerre n’est pas perdue tant que nous résistons,» affirme-t-il.
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