Culture

« Un monde a guérir » questionne la photographie humanitaire

15.11.2021 16h17

"Un monde a guérir" questionne la photographie humanitaire

Photo: KEYSTONE/SALVATORE DI NOLFI

Le Musée international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, à Genève, dévoile une partie de son immense collection de photographies dans sa nouvelle exposition 'Un monde à guérir', qui ouvre ses portes mardi. Plus de 600 images humanitaires sont à découvrir.

L'idée qui parcourt cette exposition est qu'une image ne dit pas tout du contexte dans lequel elle a été prise, qu'elle ne vaut pas mille mots comme on tend souvent à le penser. Le hors-champ est beaucoup plus complexe qu'on ne peut l'imaginer, explique le directeur du musée Pascal Hufschmid.

La Croix-Rouge et la photographie ont une histoire commune, souligne Nathalie Herschdorfer, commissaire de l'exposition. Les photos ont accompagné les activités l'organisation humanitaire dès sa création dans les années 1860. La guerre de Sécession a ainsi été la première guerre au monde à être documentée en images.

Les photographies se focalisent au début sur les personnes de la Croix-Rouge. Les ambulances hippomobiles sont mises en valeur, ainsi que les infirmières et les médecins. Puis rapidement, grâce à la miniaturisation des appareils photo, les photographies plongent dans le coeur de l'action, avec les horreurs de la Grande Guerre.

La communication par l'image joue un rôle croissant. Les affiches qui appellent aux dons en faveur de l'organisation fleurissent. La Croix-Rouge fait la couverture des magazines prestigieux. La figure des enfants est également de plus en plus présente sur les photographies, ainsi que les grandes foules de victimes des conflits.

Des gens normaux

L'image humanitaire paraît souvent immédiate et univoque. Elle offre une interprétation et donne l'impression de tout comprendre d'un événement. Or cette vision est fragmentaire et ne rend pas compte de la réalité du terrain. Les gens photographiés avaient une vie avant d'être happés par le malheur, note M.Hufschmid.

L'exposition se termine avec une section consacrée aux travaux d'Alexis Cordesse. Le photoreporter présente une série de photographies personnelles conservées par des migrants syriens. Les images immortalisent des instants de joies fugaces, une naissance, un mariage, un portrait de l'être aimé, une ville que l'on a quittée.

Une journée portes ouvertes est organisée ce samedi 20 novembre afin de célébrer l'ouverture d''Un monde à guérir' qui sera visible jusqu'au 24 avril. Le projet a été coproduit en partenariat avec les Rencontres de la photographie d'Arles, où il sera présenté lors de l'édition 2022 du festival.

/ATS