Culture

Une image de robes pendues sur des croix lauréate

07.04.2022 12h43

Une image de robes pendues sur des croix lauréate

Cette image "inspire une sorte de réaction sensorielle", a déclaré un juré.

Photo: KEYSTONE/WORLD PRESS PHOTO CONTEST AND EXHIBITION/AMBER BRACKEN

Une photo de croix auxquelles sont pendues des robes de petites filles, érigées à proximité d'un 'pensionnat' canadien où les restes de quelque 215 enfants indigènes ont été retrouvés l'année dernière, a remporté jeudi le prix du World Press Photo de l'année 2022.

Le cliché saisi par la photographe documentaire basée à Edmonton, Amber Bracken, était 'un moment calme de réflexion (...) sur l'histoire de la colonisation non seulement au Canada, mais dans le monde entier', a déclaré la jurée Rena Effendi.

À droite du cliché, publié par le New York Times, des robes de petites filles rouges et ocres sont pendues à des croix à côté d'une autoroute à Kamloops, une petite ville en Colombie-Britannique. À gauche, un arc-en-ciel termine sa courbe près du lieu où le charnier a été découvert, siège d'un soi-disant pensionnat, créé il y a un siècle pour assimiler de force la population indigène.

Cette image 'inspire une sorte de réaction sensorielle', a déclaré un juré. Ce charnier a été le premier d'une série à être découvert, forçant les Canadiens à affronter leur passé colonial. De nombreuses enquêtes sur ces anciens pensionnats indiens sont en cours à travers le pays.

4000 enfants disparus

'Je n'ai pas l'impression que c'est une photo qui pourrait m'appartenir', a déclaré à l'AFP Mme Bracken, 38 ans. 'C'était une représentation de quelque chose qui a été créé par la communauté pour honorer et se remémorer leurs enfants perdus', a-t-elle expliqué.

Les autorités estiment que plus de 4000 enfants pourraient être portés disparus. D'autres photographies primées cette année ont également salué la mise en avant de communautés autochtones à travers le monde.

Récompense de 6000 francs

Le réalisateur australien de documentaires Matthew Abbott a remporté le premier prix dans la catégorie Histoire de l'année avec une série d'images montrant comment le peuple natif de Nawarddeken de la lointaine terre d'Arnhem a utilisé le feu comme efficace outil de gestion des terres contre le changement climatique.

Grâce à une pratique appelée 'combustion à froid', les indigènes allument des petits brasiers pendant la saison fraîche, brûlant les sous-bois et la brousse hautement inflammables, ce qui aide à prévenir les incendies de forêt - qui ont dévasté l'Australie touchée par une augmentation des vagues de chaleur.

'Cela a été fait pendant des dizaines de milliers d'années', a déclaré M. Abbott à l'AFP, 'mais maintenant, avec le changement climatique si rapide, ces pratiques sont pleinement testées'. Les lauréats reçoivent chacun une récompense d'environ 6000 francs et leur travail sera exposé à partir du 15 avril à Amsterdam avant d'être montré dans le monde entier.

/ATS