Vers une amélioration des conditions de travail des artistes
Le canton de Genève a mis sur pied des dispositifs-pilote visant une meilleure rémunération des artistes, notamment dans les domaines des arts visuels et musiques actuelles (image prétexte).
Photo: KEYSTONE/MARTIAL TREZZINIGenève a mis sur pied plusieurs démarches-pilotes en faveur de l'amélioration des conditions de travail dans le domaine de la culture dans le canton. Elles visent à une rémunération plus équitable pour les artistes des domaines des musiques actuelles et des arts visuels. Par ailleurs, une coopérative de salariat sera lancée à l'intention de tous les acteurs culturels.
La culture génère de la croissance et de nombreux emplois. Pourtant, la crise sanitaire a mis en lumière la précarité et la fragilité des conditions de travail du secteur, écrit le canton jeudi dans un communiqué. Il rappelle qu'en 2019, 59% des acteurs culturels gagnaient moins de 40'000 francs par an.
Le département de la cohésion sociale (DCS), le département de l'économie et de l'emploi (DEE), les organisations professionnelles ont décidé d'unir leurs forces pour rechercher des solutions à ces problématiques. 'L'objectif est d'améliorer pas à pas la condition globale des artistes', a déclaré à Keystone-ATS Cléa Redalié, cheffe du Service cantonal de la culture.
Compléter les rémunérations
Concrètement, le canton a décidé de soutenir un dispositif-pilote visant à favoriser de nouvelles pratiques plus vertueuses en matière de rémunération et de couverture sociale. Il sera financé dans un premier temps par une subvention à hauteur de 580'000 francs pour 2023 et 2024.
Porté par l'association Inarema fondée en septembre 2023, l'outil concerne les musiques actuelles et les arts visuels, domaines qui sont le plus touchés par des lacunes. Le soutien proposé par Inarema doit permettre aux structures bénéficiaires de compléter le montant de la rémunération des artistes qu’elles programment. L'objectif est de progresser vers les grilles tarifaires émises par les organisations professionnelles.
Trois sessions sont prévues durant l'année pour déposer des demandes de soutien. Le dispositif est appelé à élargir ses sources de financement tant publiques que privées. Une première évaluation permettra de définir les adaptations nécessaires à sa poursuite. Le canton précise encore que sa conception s’appuie sur plusieurs études récentes en matière de rémunération des artistes, menées notamment par Ecoplan et Interface.
Unique régime salarié
Par ailleurs, de nombreuses structures qui font appel au travail d'artistes ne parviennent pas pleinement à remplir leur rôle d'employeur. Souvent, en raison de contraintes financières, elles ne versent pas de cotisations sociales complètes. D'où le lancement de la coopérative Merīwezā qui sera opérationnelle début 2024.
Son objectif est d'agir comme employeur et de permettre aux acteurs de tous les domaines culturels de percevoir leurs revenus dispersés dans un unique régime salarié. Ils auront ainsi pleinement accès à une couverture sociale telle que prévue par la loi et respectant leurs régimes sociaux spécifiques. Le canton offre là un soutien au fonctionnement de la coopérative.
Nouvelle loi
Les lignes directrices de la politique culturelle cantonale, publiées en décembre 2022 par le Conseil d'Etat, fixent l'objectif de 'favoriser une transition durable et sociale dans le domaine de la culture', notamment par 'davantage de protection des personnes travaillant dans le domaine de la culture'. Une visée que l'on retrouve au cœur de la nouvelle Loi pour la promotion de la culture et de la création artistique (LPCCA), dont l'entrée en vigueur prévue en janvier 2024 concernera l'ensemble des collectivités publiques genevoises.
/ATS