Ras-le-bol du directeur de Payot sur le prix du livre
Payot Livres
Le directeur de Payot, Pascal Vandenberghe, a déposé une plainte auprès de la Commission de la concurrence (COMCO) contre le groupe Madrigall, qui distribue les livres français en Suisse, annonce mercredi Le Temps. Il dénonce une surmajoration du prix des livres et une distorsion de la concurrence.
"Le client final voit une différence importante avec le prix d'origine", explique le libraire dans un entretien publié dans le même journal, soulignant qu'elle est entre 35 et 50% plus élevée dans ses magasins "que si nous achetions en France". "Une majoration supérieure à 15% génère un bénéfice indu réalisé sur le dos du marché suisse, qui s'apparente, pour dire les choses clairement, à du racket", lâche-t-il. Cette situation de "rente à vie" pour les groupes français d'édition a encore été accrue cette année avec l'évolution du taux de change entre le franc et l'euro, poursuit M. Vandenberghe. "La différence entre le taux moyen euro/franc de 2021 et celui de 2022 augmentera mécaniquement leur bénéfice cette année [...] de quelque 2 ou 3 millions de francs".
"Sonner la fin de la récréation"
Suite à l'entrée en vigueur le 1er janvier de la révision de la loi fédérale sur les cartels, le patron de Payot dit avoir tenté de négocier avec le groupe éditorial Madrigall, qui comprend notamment Gallimard et Flammarion et qui représente "environ 90% des livres français vendus en Suisse romande". Mais "après plus de huit mois de tergiversations [...] et de demandes restées sans réponse [...] je me suis décidé à sonner la fin de la récréation". M. Vandenberghe dénonce également une distorsion de la concurrence avec le groupe Fnac Suisse. Depuis 2012, la "filiale d'une société française importe les livres directement depuis la France et bénéficie de prix d'achat français très inférieurs", poursuit-il. Contacté mercredi par Keystone-ATS, le groupe Madrigall n'a pas répondu aux sollicitations de l'agence de presse helvétique.
"Vandenberghe a raison de ruer dans les brancards"
La démarche est saluée par les libraires indépendants dont Frédéric Saenger, directeur du Rameau d’Or: «Vandenberghe a totalement raison de ruer dans les brancards comme il le fait. Il y va de son intérêt, mais c’est également le nôtre». Avec le franc fort, il est devenu très avantageux d’acheter ses livres en France voisine. Alors les clients se font rares dans les librairies suisses : «On sait qu’il y a certains clients qui reviennent moins, ou qui reviennent plus, en raison de ces prix plus élevés. Alors heureusement, une bonne partie de notre clientèle est fidèle et revient régulièrement, mais elle achète peut-être un peu moins qu’elle le faisait dans le passé». C’est désormais à la commission de la concurrence de statuer sur la plainte.