A Mies, une fusée pour battre le record du monde de vitesse à voile
Visuellement, le SP80 ne ressemble plus du tout à un voilier, mais à un croisement technologique entre une fusée spatiale et une Formule 1 sans roue.
Photo: Keystone/JEAN-CHRISTOPHE BOTTTrois ex-étudiants français de l'EPFL, basés à Renens (VD), rêvent de battre le record du monde de vitesse à la voile. Ils ont conçu une fusée marine pour viser les 80 noeuds (150 km/h). La mise à l'eau du voilier de course a eu lieu lundi à Mies sur le lac Léman.
Le record actuel du monde de vitesse à la voile est de 65,45 nœuds (121,21 km/h) sur 500 mètres. Il est détenu depuis 2012 par l'Australien Paul Larsen à bord de Vestas Sailrocket II. Trois passionnés de voile et de vitesse, qui ont effectué des études en génie mécanique à l'EPFL et qui se sont donc rencontrés sur le campus lausannois, ambitionnent de le pulvériser.
Une étape symbolique a été franchie lundi matin au petit chantier naval du port de Mies, entre Coppet et Genève, pour Mayeul van den Broek, Xavier Lepercq et Benoît Gaudiot ainsi que pour leur équipe d'une cinquantaine de personnes: après deux années de construction et de tests sur des prototypes, le voilier de course SP80 dans sa version quasiment finale a été mis à l'eau.
Entre fusée spatiale et Formule 1
Visuellement, il ne ressemble plus du tout à un voilier, mais à un croisement technologique entre une fusée spatiale et une Formule 1 sans roue. Le 'bateau' fait 10,5 mètres de long et 7,5 mètres de large. Pas de voile pour le SP80, mais une aile de kite. Pas de mât, mais un module de puissance assurant la liaison entre le bateau et l'aile de kite. Aux commandes: deux pilotes casqués dans un cockpit.
Le kite est donc le moteur du bateau. Il capte la puissance du vent et la transforme en force propulsive avec l'aide du foil principal. Pour garantir les meilleures performances, sa taille peut être adaptée de 20 m2 à 50 m2 en fonction des conditions de navigation, indique l'équipe sur son site internet.
A Leucate près de Narbonne
'Avant d'aller à 80 nœuds (près de 150 km/h), nous devrons apprendre à connaître le comportement du bateau et à nous coordonner entre pilotes. Le but est d'accélérer petit à petit jusqu'à décembre 2023 avant de partir en chantier d'hiver. Puis nous reviendrons à Leucate au printemps avec un bateau affûté pour une première tentative de record du monde de vitesse à la voile', expliquent les trois cofondateurs de SP80, véritable entreprise sise à Renens.
C'est en effet à Leucate sur la plage du Rouet, près de Narbonne, dans le sud de la France, que le voilier de course futuriste tentera de battre ce record du monde de vitesse vieux de plus de dix ans. Les conditions du record mondial sont simples, il faut une plus haute vitesse sur 500 mètres, un minimum d'une personne à bord et le vent comme unique source d'énergie.
Le premier record du monde de vitesse homologué date de 1972, fixé à 26,30 nœuds (48,71 km/h).
Soutien technologique de l'EPFL
Le projet SP80 a muri dans la tête des trois étudiants dès 2016 sur le campus vaudois. C'est l'année 2019 qui marque un tournant, avec l'arrivée des premiers sponsors et la mise en place d'une structure légale gérant leur projet.
L'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) s'est également engagée à soutenir l'équipe en tant que partenaire académique et technologique. La haute école permet à SP80 d'accéder à des infrastructures de recherche de pointe et de bénéficier des précieux conseils des professeurs, souligne-t-on.
/ATS