Économie

Absence d'inégalité salariale selon une étude de l'Union patronale

13.06.2023 18h30 Lucie Hainaut / ATS

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Il n'y aurait pratiquement aucune inégalité salariale entre hommes et femmes en Suisse. Telle est la conclusion d'une étude de l'Université de St-Gall, commandée par l'Union patronale suisse (UPS) et publiée mardi.

Un jour avant la Grève féministe, l’Union patronale suisse occupe le terrain sur les questions d’égalité salariale: elle publie une étude qui conclut que l’immense majorité des entreprises analysées respectent l’égalité entre hommes et femmes. Les auteurs de la recherche ont passé en revue les analyses menées auprès de 461 entreprises qui utilisent l'instrument de l'égalité salariale de la Confédération. Parmi elles, 99,3% respectent la loi sur l'égalité. 

Une étude «beaucoup plus précise et pragmatique»

Sophie Dubuis commente cette enquête: «La méthodologie que nous avons choisie grâce à l’université de St-Gall va faire une différence au sein de l’entreprise. Elle va considérer le parcours des gens, leurs compétences linguistiques, ce qui n’est pas le cas d’autres enquêtes qui sont beaucoup plus empiriques. Elle est beaucoup plus précise et pragmatique» souligne la membre du comité directeur de l'UPS.

Une différence moyenne de salaire de 3,3%

L’étude prend donc en compte des critères professionnels comme l’échelon hiérarchique, mais aussi personnels, comme le niveau de formation. En considérant ces éléments, elle arrive à une différence moyenne de salaire de 3,3%. Ce pourcentage se situe en-dessous des 5%, le seuil de tolérance fixé par la Confédération.

Une méthodologie qui a ses limites

Pour autant, il est possible de pointer du doigt quelques limites dans la démarche: «Il s’agit d’une auto-évaluation. Et ce sont les entreprises qui ont choisi de répondre au non à cette enquête. Or, il se peut que les entreprises sensibles à l’égalité soient plus susceptibles de répondre. La responsable du projet m’a dit que 28% des entreprises sollicitées ont participé, donc on peut se demander qui sont les autres entreprises qui elles n’ont pas souhaité répondre» détaille Florian Chávez Juárez, docteur en économétrie spécialisé dans l'égalité salariale. L’Union patronale de son côté n’admet pas de biais dans son échantillonnage: «Je pense que quand on parle de 550'000 collaborateurs en Suisse, il n’y a pas de biais. Surtout que les plus grandes entreprises de plus de 100 collaborateurs sont celles qu’on remet beaucoup en question» répond Sophie Dubuis.

«Le problème va bien au-delà de la discrimination salariale non-expliquée»

Au-delà de la méthodologie, le collectif de la Grève féministe s’inscrit en faux contre les conclusions de l’étude: «Le problème va bien au-delà de la discrimination salariale non-expliquée, dont fait état cette étude. Le problème c’est plutôt que ce sont les métiers où travaillent une majorité de femmes qui sont très fortement sous-valorisés» martèle Anne Fritz, membre du collectif.

Une étude pour répondre à la loi sur l'égalité

Selon la loi sur l'égalité, les entreprises de plus de 100 employés doivent effectuer une analyse de l'égalité salariale et la présenter aux collaborateurs et aux actionnaires au plus tard fin juin.

L'Université de Saint-Gall a rassemblé 615 analyses pour les employeurs. Cela correspond à 10% des entreprises soumises à l'obligation d'analyse. Au total, 89% d'entre elles n'ont pas montré d'effet de genre, comme l'a fait savoir l'organisation patronale mardi. Les 3,3% des différences de salaires entre hommes et femmes sont demeurées sans explication.