Économie

Affaire du fourgon braqué à Chavornay: trois coauteurs condamnés

05.04.2023 16h49

Affaire du fourgon braqué à Chavornay: trois coauteurs condamnés

Les attaques de fourgons se sont multipliées un temps dans le canton de Vaud. Ici celle de Daillens en 2019.

Photo: KEYSTONE/LAURENT GILLIERON

La fille d'un des convoyeurs enlevée et utilisée comme otage, 25 millions de francs subtilisés: le principal accusé du braquage d'un fourgon blindé en 2018 à Chavornay (VD) a écopé de seize ans de prison mercredi devant la cour d'assises du Rhône.

Mehdi A., 40 ans, a été jugé coupable, en son absence, par la cour d'assises du Rhône, à Lyon, de vol à main armée en bande organisée et séquestration. D'abord en fuite, l'homme a été incarcéré et condamné en décembre 2022 en Tunisie, dans une affaire de faux documents, selon des indications parvenues à la cour le jour de l'ouverture des débats.

L'avocat général avait requis 20 ans de prison. La cour a confirmé le mandat d'arrêt le concernant.

L'enquête a établi qu'au moins six malfaiteurs avaient commis le braquage et la séquestration simultanée de la fille du conducteur du fourgon, pour faire pression sur ce dernier.

Sur un butin de 25 millions de francs suisses, 2,5 millions ont été retrouvés sur dénonciation anonyme, dans une malle enterrée dans le garage d'une maison située dans l'Ain.

Six ans pour le complice

Sur les six hommes identifiés, outre Mehdi A., seul un autre homme devait être jugé pour une participation directe au braquage du fourgon, perpétré à Chavornay, dans le canton de Vaud en Suisse. Mais, en raison de son hospitalisation la veille du procès, son cas a été disjoint. Il doit être jugé dans les mois à venir.

Mercredi, à l'issue de six jours d'audience, la cour a également condamné Yusuf K., 32 ans, à 6 ans d'emprisonnement pour complicité. Le jury a considéré que cet ancien convoyeur avait fourni des renseignements déterminants à l'équipe de malfaiteurs lyonnais, ce qu'il a contesté.

La peine est assortie notamment d'une interdiction définitive d'exercer une profession dans le transport de fonds. Libre à l'audience après trois ans de détention provisoire, il a fait l'objet d'un mandat de dépôt.

Condamné pour recel

Un troisième homme, Pascal G., 48 ans, a été condamné, pour recel de 2,5 millions de francs suisses, à 4 ans d'emprisonnement, dont 2 ans avec sursis. L'homme qui a déjà fait un an de détention provisoire, devrait bénéficier d'un aménagement de peine. Les jurés ont estimé que l'ami d'enfance de celui considéré comme le chef du gang n'avait pas eu connaissance de l'origine exacte du butin caché chez lui.

Par ailleurs, un quatrième homme, initialement poursuivi pour association de malfaiteur, a été acquitté. Mis en examen dans un autre dossier de vol de métaux précieux avec séquestration, Mehdi B., 30 ans, reste toutefois en détention.

Le sixième homme identifié et présumé participant est décédé dans un règlement de comptes.

Otage

Le procès a été marqué par le témoignage glaçant de Sarah B., 26 ans, la fille du conducteur du fourgon, surprise à son domicile lyonnais par deux faux plombiers le 8 février 2018 au soir.

'J'étais terrorisée. Mon instinct de survie m'a dit qu'il fallait faire ce qu'ils me demandaient', a-t-elle raconté. Meurtre, viol, trafic d'organe, elle redoute de nombreux scénarios jusqu'à ce que ses ravisseurs lui demandent d'appeler son père, alors au volant de son fourgon blindé. Ils l'utilisent comme moyen de pression, pour le forcer à débloquer les portes du véhicule sans alerter son entreprise.

Quelques jours après le braquage, alors que les investigations battent leur plein, Sarah B. avait été placée en garde à vue, les enquêteurs ayant, dans un premier temps, des doutes sur le rôle joué par son père.

Condamnations préalables

Deux Genevois, impliqués dans cette affaire, avaient été préalablement condamnés par la justice vaudoise. Les deux trentenaires n'avaient pas pris part à l'assaut lui-même, ni séquestré la fille d'un des convoyeurs.

Mais selon les juges, ils avaient bel et bien joué un rôle indispensable et décisif. Ils avaient été définitivement condamnés par la Cour d'appel à onze ans de prison pour l'un et cinq ans et demi pour l'autre.

Pour mémoire, le braquage de Chavornay fait partie d'une série de raids spectaculaires perpétrés sur des convoyeurs en terre vaudoise entre 2017 et 2019, au Mont-sur-Lausanne, Daillens, La Sarraz et Nyon. Des braquages qui ont cessé depuis que le Conseil d'Etat vaudois a durci les règles pour le transport de fonds.

/ATS