Archegos: un ex-employé poursuit le fonds accusé d'avoir menti
Le plaignant dénonce également le "culte de la personnalité" aux forts accents religieux entretenu par Bill Hwang, le fondateur d'Archegos (archives).
Photo: KEYSTONE/AP/SETH WENIGUn ancien employé du fonds américain Archegos, dont les déboires ont coûté des milliards à plusieurs grandes banques en 2021, dont Credit Suisse, a porté plainte au civil contre le fonds et ses dirigeants. Il les accuse d'avoir menti aux banques et à ses salariés.
Dans un document judiciaire déposé mardi auprès d'un tribunal fédéral de Manhattan, Brendan Sullivan accuse nommément le fondateur d'Archegos, Bill Hwang, ainsi que cinq autres membres de l'équipe dirigeante. 'Ils ont menti sur l'ampleur des investissements d'Archegos', écrivent les avocats de M. Sullivan, un ex-analyste du fonds.
'Ils ont menti sur les montants en espèces qu'Archegos avait à sa disposition. Ils ont menti sur la nature des actions détenues par Archegos. Et nous soutenons que leur mensonge visait à ce que les banques n'aient aucune idée du fait qu'Archegos se livrait à une vaste manipulation du marché', poursuivent les avocats.
Grâce à des produits financiers complexes, Archegos avait accumulé des paris risqués dans quelques entreprises, mettant en danger plusieurs clients bancaires qui n'avaient pas connaissance de leur exposition totale aux groupes concernés. Quand les actions avaient commencé à reculer, ces banques avaient dû liquider en urgence leurs positions. Certaines, dont Credit Suisse, UBS, Morgan Stanley et Nomura, ont enregistré de lourdes pertes, d'un montant total de 10 milliards de dollars (9,58 milliards de francs).
M. Sullivan dénonce également dans sa plainte le 'culte de la personnalité' aux forts accents religieux entretenu par M. Hwang, dont l'obsession, aux dires du plaignant, était de devenir 'la personne la plus riche au monde'. Les 'fidèles' de l'homme d'affaires sud-coréen, ne remettant jamais en cause ses décisions, obtenaient des promotions, tandis que ceux qui émettaient la moindre critique se voyaient lourdement sanctionnés.
L'ex-employé explique aussi que les salariés d'Archegos ont été contraints de placer une part importante de leur prime annuelle dans un régime de rémunération différée, présenté comme sans risque. Mais lors de l'implosion du fonds en mars 2021, la direction a indiqué au personnel que 'le plan de compensation différée n'existait plus'.
M. Sullivan, qui exige des réparations financières, affirme avoir alors perdu 50 millions de dollars. Le montant total des rémunérations différées des salariés s'élevait lui à 500 millions de dollars. Le document judiciaire met aussi en lumière le rôle de l'association caritative chrétienne de M. Hwang, la Grace and Mercy Foundation, présentée par l'homme d'affaires comme un refuge si jamais Archegos venait à manquer d'argent.
M. Hwang et Patrick Halligan, l'ancien directeur financier d'Archegos, ont été arrêtés et mis en examen fin avril pour fraude boursière et extorsion. Les deux hommes ont plaidé non coupables.
/ATS