Baisse du taux directeur : «Une mauvaise nouvelle pour les épargnants»
Créant la surprise, la Banque nationale suisse a baissé son taux directeur à 1,5%. Quelles conséquences pour nos finances? Les explications de Myret Zaki.
Estimant que «la lutte contre l'inflation au cours des cinq derniers semestres a été efficace», la BNS a abaissé ce jeudi son taux directeur. L'objectif n'était pas de devancer d'autres instituts monétaires, mais de prendre une décision au «bon moment» pour la Suisse, a indiqué le président de l’institution Thomas Jordan.
Cette baisse de taux est une première depuis neuf ans et aurait dû avoir lieu dans plusieurs mois. De quoi surprendre les observateurs: «La Banque nationale suisse est visiblement pressée d’affaiblir le franc suisse. Dès qu’elle a vu que l’inflation était basse, elle n’a pas hésité à baisser le taux directeur», indique Myret Zaki.
S'orienter vers la bourse
Dans le détail, quand l’inflation est forte, la BNS va essayer de renchérir le franc en haussant les taux d’intérêt, ce qui a pour effet de compenser l’inflation. À l’inverse, en cas de baisse d’inflation, la BNS va baisser le franc suisse pour favoriser les exportations. «C’est une mauvaise nouvelle pour les épargnants. Si j’ai une épargne rémunérée à 0,75% et que j’enlève le taux d’inflation, on arrive à un taux d’épargne négatif. De même, une obligation de la Confédération ne rémunère qu’à 0,7% hors inflation. Il faut donc aller investir en bourse pour rentabiliser son argent.»
Cette baisse des taux d’intérêt va donc favoriser les profils spéculatifs et les investisseurs immobiliers. À l’inverse, pour les petits débiteurs, les banques se protègent énormément et à l’inverse, les taux sur les cartes de crédit sont trop élevés. «Les taux d’intérêt bas ne sont pas intéressants pour les salariés et les épargnants. À l’inverse, ils peuvent avoir des avantages pour les investisseurs et les exportateurs», résume Myret Zaki.