Économie

Début d'une réunion entre Russie et ONU sur l'accord céréalier

13.03.2023 11h52

La Russie accepte de prolonger l'accord céréalier pour deux mois

Le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Verchinine a quitté le Palais des Nations sans faire de déclaration.

Photo: KEYSTONE/SALVATORE DI NOLFI

La Russie accepte de prolonger l'accord sur les exportations de céréales ukrainiennes. Au terme d'une réunion lundi à Genève, elle a toutefois précisé qu'elle n'acceptait qu'une extension de deux mois.

'Notre position à l'avenir sera établie sur des avancées tangibles sur la normalisation de nos exportations agricoles', affirme le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Verchinine dans une déclaration écrite. 'Pas en mots, mais dans les faits', ajoute-t-il.

La Russie exige des améliorations sur les paiements bancaires, les transports, les questions d'assurance ou encore le dégel des activités financières. Elle demande aussi des avancées sur l'acheminement de composantes chimiques par un oléoduc entre l'Ukraine et elle.

Moscou reste fâchée parce qu'elle estime que les Occidentaux n'honorent pas l'arrangement entre l'exemption des sanctions pour les exportations de ses engrais. Ces aménagements américains et britanniques 'sont largement inactifs', a déploré M. Verchinine.

Pour autant, elle ne va opposer aucune objection à un prolongement de l'accord sur les exportations ukrainiennes qui arrive à échéance samedi prochain. Au lieu de quatre mois jusqu'à présent, l'extension n'est garantie que pour la moitié de cette période, selon la décision russe.

Négociations 'franches'

L'ONU était elle représentée à la fois par le chef des affaires humanitaires Martin Griffiths, qui était arrivé le visage fermé dans la matinée, et par la secrétaire générale de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) Rebeca Grynspan. Aucun de ces deux responsables ne s'était en revanche exprimé dans l'immédiat au terme de la réunion.

Avant sa déclaration, M. Verchinine avait lui quitté le Palais des Nations vers 16h30 sans répondre aux questions de Keystone-ATS. Il a ensuite mentionné des discussions 'entières' et 'franches'.

L'accord, qui sera renouvelé pour la seconde fois, garantit l'exportation de céréales depuis l'Ukraine depuis quelques mois. Ce dispositif a permis d'acheminer près de 25 millions de tonnes de céréales vers d'autres pays, notamment dans l'Est de l'Afrique qui en dépend largement.

M. Griffiths n'avait pas caché récemment que l'accord était dans une 'situation difficile'. En colère, Moscou renâclait sur le nombre de personnes qu'elle déléguait dans le cadre de l'accord pour vérifier les chargements, selon des sources convergentes.

Guterres à la manoeuvre

Très important, l'accord a contribué à éviter une crise alimentaire mondiale. La Russie, en contrepartie, avait obtenu un autre arrangement, sans limite de temps, pour que ses exportations d'engrais échappent aux sanctions.

La semaine dernière, le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres s'était rendu en Ukraine pour aborder la situation avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Il s'était également entretenu par téléphone avec M. Verchinine.

L'accord 'a contribué à faire baisser le coût mondial des denrées alimentaires et a apporté une aide cruciale aux populations qui paient également un lourd tribut à cette guerre, en particulier dans les pays en développement', avait souligné le chef de l'ONU.

Il avait rappelé que les céréales et engrais ukrainiens, mais aussi russes, étaient 'essentiels pour la sécurité alimentaire mondiale et les prix des denrées alimentaires', sur fond d'inflation généralisée dans de nombreux pays du monde.

Plusieurs Etats occidentaux, dont les Etats-Unis, appelaient de leur côté les Russes à ne pas bloquer le renouvellement de l'accord. Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov avait de son côté affirmé jeudi dernier que les négociations étaient 'compliquées'.

/ATS