Deux gérants de Petrosaudi sont déférés devant le TPF
Figure centrale du scandale 1MDB, l'ex-Premier ministre malaisien, Najib Razak, lors de son procès en 2019. Il a écopé d'une peine de 12 ans dans son pays (archives).
Photo: KEYSTONE/AP/Vincent ThianDeux gérants de la société Petrosaudi sont traduits devant le Tribunal pénal fédéral. Ils répondent d'escroquerie par métier, gestion déloyale et blanchiment aggravés dans le cadre de détournements commis entre 2009 et 2015 au détriment du fond malaisien 1MDB.
Le Ministère public de la Confédération (MPC) annonce mardi le dépôt de son acte d'accusation contre deux ex-employés du groupe énergétique genevois. Les sommes détournées atteindraient au moins 1,8 milliard de dollars, indique le Parquet.
Les deux prévenus ont agi de concert avec Taek Jho Low, qui était l'homme de confiance du Premier ministre malaisien de l'époque, Najib Razak. M. Low était aussi consultant officieux au sein de 1Malaysia Development Berhard (1MDB).
Avec la complicité de deux employés de 1MDB et de M. Razak, les deux justiciables ont élaboré une proposition d'investissement s'inscrivant dans le cadre d'une prétendue transaction entre les Etats malaisien et saoudien. Ce scénario visait à masquer aux yeux du conseil de 1MDB la destination véritable des versements en faveur de Petrosaudi.
Rencontre sur un yacht
Afin d'accréditer le caractère officiel de l'opération, les deux prévenus et M. Low ont instrumentalisé une rencontre entre Najib Razak - qui cumulait aussi les fonctions de ministre des finances, de président du conseil de 1MDB et de représentant de l'actionnaire unique du fonds - avec un prince saoudien. La séance s'était déroulée en août 2009 sur le yacht 'Alfa Nero' au large de Cannes.
Dans le détail, l'opération portait sur la création d'une société commune entre 1MDB et Petrosaudi. L'apport du fonds malaisien s'élevait à un milliard de dollars, dont 700 millions ont été transférés sur un compte en Suisse détenu par M. Low. Sur ce montant, 85 et 35 millions, respectivement, ont été versés aux deux prévenus.
D'autres transferts au détriment de 1MDB ont suivi, vers la Suisse et d'autres Etats. Les deux accusés ont investi les fonds dans le développement de Petrosaudi, dans des immeubles en Suisse et à Londres, dans des bijoux, dans des placements et dans le financement de leur train de vie, précise le MPC.
Dossiers colossaux
Cette instruction est décrite par le Parquet fédéral comme le 'volet suisse de l'affaire 1MDB'. Elle a été ouverte en novembre 2017 et a nécessité l'analyse de centaines de milliers de documents, notamment. Des valeurs patrimoines totalisant 192 millions de francs ont été séquestrées, sans compter les immeubles saisis en Suisse et à Londres.
Le MPC a collaboré avec les autorités de poursuite des Etats-Unis, de la Malaisie, du Royaume-Uni, de Singapour, de Jersey, du Canada et de la Barbade.
Trois enquêtes sont encore en cours en Suisse: la première contre deux ex-dirigeants de 1MDB ainsi que contre deux ex-fonctionnaires émiratis, la deuxième contre la banque BSI, fermée en 2016 par l'Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (FINMA) et la troisième contre un autre employé de Petrosaudi.
Quant à la procédure ouverte en octobre 2016 contre la Falcon Private Bank, elle est actuellement suspendue, rappelle le MPC.
/ATS