Économie

Diffamation: un élu lausannois et une journaliste acquittés

24.02.2023 11h27

Diffamation: un élu lausannois et une journaliste acquittés

La journaliste du Temps et le conseiller communal Benoît Gaillard ont été acquittés vendredi par la justice lausannoise.

Photo: KEYSTONE/VALENTIN FLAURAUD

Attaqués pour diffamation, le conseiller communal lausannois Benoît Gaillard et une journaliste ont été acquittés vendredi par la justice. Ils étaient accusés d'avoir utilisé la formule 'propriétaire voyou' au sujet d'une société immobilière.

Par ces propos, Benoît Gaillard avait souhaité dénoncer l'enlisement d'un chantier au centre-ville de Lausanne, surnommé la 'verrue' de Bel-Air. 'La Ville a trop longtemps accordé foi aux engagements d'un propriétaire voyou', avait affirmé l'élu, cité par la journaliste dans un article publié en mai 2019 par 24 Heures.

Contrairement au Ministère public, qui avait requis des jours-amende avec sursis et des amendes, le Tribunal d'arrondissement de Lausanne a estimé que les deux prévenus n'étaient pas coupables de diffamation, qu'ils n'avaient pas porté atteinte à l'honneur de cette entreprise.

Selon la Cour, le terme 'voyou' n'a pas été utilisé comme 'allégation de faits', à savoir que les activités de la société auraient relevé de la délinquance, mais comme un 'jugement de valeur'. De plus, la mise en contexte dans l'article était suffisante pour permettre au lecteur de comprendre dans quel sens avait été utilisé ce mot.

Le président du Tribunal a aussi remarqué que la phrase litigieuse n'avait pas été mise en exergue, en titre par exemple. Elle apparaissait au milieu de l'article, si bien que le lecteur connaissait le contexte.

Victoire pour les élus locaux

'C'est une victoire pour la démocratie de terrain, une excellente nouvelle pour tous les élus communaux', s'est réjoui Benoît Gaillard, rappelant que ceux-ci ne disposaient pas d'une immunité parlementaire, contrairement aux parlementaires fédéraux et cantonaux.

Le socialiste, candidat au Conseil national cet automne, a ajouté qu'il continuerait de jouer son rôle d'élu en dénonçant les affaires qui relèvent de l'intérêt public, comme dans le cas de ce chantier. 'Si la situation le nécessite, j'utiliserai à nouveau des mots forts, sans pour autant qu'ils soient injurieux ou diffamatoires', a-t-il affirmé.

La journaliste, qui travaille désormais au Temps, a aussi assuré que cette affaire n'allait pas la brider dans son travail et qu'elle allait continuer d'enquêter en demeurant 'irréprochable sur les faits'. Et notamment sur cette société immobilière, impliquée dans d'autres affaires, à Genève notamment.

'Enorme soulagement'

Reconnaissant 'un énorme soulagement', elle a rappelé que la procédure engagée à la suite de son article avait duré quatre ans. Et que si l'essentiel des reproches avait déjà été classé, il restait encore à se libérer des accusations de diffamation. 'Cette tentative de museler la presse n'a pas fonctionné', a-t-elle remarqué.

La société plaignante peut encore faire appel de cette décision. Son avocat Alain Dubuis a indiqué vendredi qu'il attendait les motivations du jugement avant de se prononcer.

Outre l'acquittement, le Tribunal a accordé environ 10'000 francs à chacun des deux prévenus pour couvrir leurs dépenses occasionnées par la procédure. Des frais de procédure laissés à la charge de l'Etat.

Autre procès à venir

A noter encore que la justice lausannoise devra se prononcer prochainement sur le cas d'un autre conseiller communal, le Vert Valéry Beaud, lui aussi attaqué pour diffamation. En cause: ses affirmations dans une interpellation au Conseil communal sur l'aéroport de la Blécherette. Condamné par ordonnance pénale par le Ministère public, il a fait opposition, ouvrant ainsi la voie à un procès.

/ATS