Elevage intensif: non à des normes plus strictes, dit Alain Berset
La Suisse en fait assez en matière de protection des animaux de rente, selon le Conseil fédéral. La campagne en vue de la votation du 25 septembre est lancée (archives).
Photo: KEYSTONE/ANTHONY ANEXL'initiative populaire visant à interdire l'élevage intensif doit être refusée le 25 septembre prochain, a prévenu mardi le conseiller fédéral Alain Berset. Il a pointé des potentielles répercussions négatives sur les consommateurs et les paysans.
Le texte 'Non à l'élevage intensif' veut interdire l'élevage intensif en Suisse dans les 25 ans en ancrant des normes bio dans la Constitution. Berne devrait fixer des critères sur un hébergement et des soins respectueux des animaux, l'accès à l'extérieur, l'abattage et la taille maximale des groupes par étable. L'initiative prévoit aussi d'interdire les importations d'animaux et de produits d'origine animale qui ne répondraient pas aux exigences bio de la Suisse.
Déjà stricte
La législation suisse est déjà une des plus strictes au monde en matière de protection des animaux, a rappelé le Conseil fédéral dans un communiqué publié mardi. La dignité et le bien-être des animaux sont protégés, indépendamment du nombre d'animaux détenus au même endroit, comme le prescrit la Constitution.
De plus, un nombre toujours plus important d'animaux de rente sont hébergés de façon particulièrement respectueuse et peuvent sortir régulièrement en plein air. La Confédération encourage d'ailleurs les formes d'exploitation agricole respectueuses de l'environnement et des animaux.
Elevage plus cher
Mais en cas de 'oui' le 25 septembre, Berne devrait aller encore plus loin. Ce qui ne serait pas sans conséquences, avertit le gouvernement. Quelque 3300 exploitations agricoles seraient contraintes de réduire leurs effectifs d'animaux ou d'augmenter leurs surfaces.
L'élevage coûterait ainsi plus cher, et de nombreuses exploitations devraient procéder à des investissements importants. D'après les calculs de l'administration fédérale, ces coûts supplémentaires seraient de l'ordre de 400 millions à 1,1 milliard de francs par an.
Denrées plus chères
Les consommateurs seraient également touchés. Ils n'auraient plus accès qu'à des denrées alimentaires provenant d'élevages respectant les normes bio. Leur prix devrait prendre l'ascenseur.
Il ne serait également plus possible d'importer en Suisse les denrées alimentaires d'origine animale ne répondant pas aux normes bio. Cette interdiction ne toucherait pas uniquement la viande, les oeufs, le fromage ou le lait, mais aussi les denrées alimentaires contenant des ingrédients d'origine animale telles que les pâtes aux oeufs, les produits de boulangerie ou le chocolat.
La Confédération devrait mettre en place un système de contrôle des importations très laborieux et coûteux, selon le Conseil fédéral. À titre d'exemple, plus de 40% de la viande de volaille et des oeufs viennent actuellement de l'étranger.
Une interdiction d'importation enfreindrait enfin des accords commerciaux internationaux conclus avec l'UE. De telles règles d’importation pourraient entraîner des conflits avec l'Organisation mondiale du commerce et les Etats avec lesquels la Suisse a conclu des accords de libre-échange, avertit encore le gouvernement.
/ATS