Économie

L'UE se penche sur l'accord commercial avec les Etats-Unis

27.06.2025 01h44

L'UE se penche sur l'accord commercial avec les Etats-Unis

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a été "encouragée à parvenir rapidement à un accord" avec les Etats-Unis par le chancelier allemand.

Photo: KEYSTONE/EPA/OLIVIER HOSLET

Sous pression pour arracher un accord commercial avec les Etats-Unis, les Européens, réunis en sommet jeudi, ont cherché la formule pour apaiser le président américain sur ce front. Mais ils restent divisés et le temps presse, la date du 9 juillet se rapprochant.

'Nous avons reçu aujourd'hui le dernier document des États-Unis en vue de poursuivre les négociations. Nous sommes en train de l'évaluer', a annoncé la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Le chancelier allemand Friedrich Merz l'a 'encouragée à parvenir rapidement à un accord'.

Le dirigeant de la première économie européenne veut aller vite, quitte à accepter un accord asymétrique dans lequel les Européens accepteraient de subir certaines surtaxes, sans contrepartie.

Personne à Bruxelles ne pense que l'ambition du 'zéro droit de douane' soit atteignable. Selon plusieurs diplomates européens, l'objectif est plutôt de permettre au président américain Donald Trump de revendiquer une victoire, sans sacrifier l'essentiel.

L'un d'eux a évoqué la perspective d'un accord avec des trous. Selon lui, l'UE pourrait se résigner à une taxe générale sur les importations européennes, mais avec une série d'exemptions pour des secteurs-clés comme l'acier, l'automobile, la pharmacie ou l'aéronautique.

Taxes de 10% et 25%

Les entreprises font déjà face aux droits de douane mis en oeuvre par le gouvernement américain: 25% sur l'acier et l'automobile et 10% sur la plupart des autres produits. 'La France défend une conclusion rapide d'un accord. Nous ne sommes pas pour que cela dure éternellement', a également insisté le président français Emmanuel Macron, à l'issue du sommet.

Mais, 'si à la fin, le choix des Américains était de garder 10% de tarifs sur notre économie, il y aura immanquablement une compensation sur les biens et produits qui sont vendus par les Américains sur le marché européen', a-t-il ajouté, affirmant que les Européens n'étaient 'ni naïfs ni faibles'.

Le temps presse alors qu'approche la date limite du 9 juillet fixée par le président américain Donald Trump. Faute d'accord après cette date, il pourrait doubler à 20% le taux par défaut sur les importations en provenance de l'UE, voire les porter à 50% comme il l'a déclaré en mai. Le gouvernement américain a cependant annoncé jeudi que cette date pourrait être repoussée.

'On reste calme'

'On ne se laisse pas provoquer. On reste calme', a assuré le premier ministre belge, Bart De Wever, appelant à éviter une guerre commerciale avec les Etats-Unis.

Emmanuel Macron avait haussé le ton la veille à l'issue du sommet de l'OTAN durant lequel les Européens ont concédé une hausse de leurs dépenses militaires à 5% du produit intérieur brut (PIB) réclamée par Donald Trump.

'On ne peut pas, entre alliés, dire il faut dépenser plus' pour la défense 'et, au sein de l'OTAN, se faire la guerre commerciale. C'est une aberration', avait-il lancé.

'Le problème, c'est que du côté américain on a un négociateur hors pair alors que l'Union européenne a des dirigeants peu capables', a déclaré jeudi Viktor Orban, adepte de la provocation.

Les Vingt-Sept sont divisés. Le chef du gouvernement hongrois revendique une proximité avec le locataire de la Maison-Blanche, comme son homologue italienne, Giorgia Meloni. Les pays les plus mercantilistes du nord de l'Europe sont aussi plus enclins à éviter une escalade à tout prix.

Lignes rouges

L'UE avait menacé au début mai de taxer pour 95 milliards d'euros d'importations américaines, dont les voitures et avions, en cas d'échec des négociations commerciales avec Donald Trump. Elle a depuis lors mis cette menace en sourdine.

Les Etats-Unis profitent aussi de la négociation pour tenter d'arracher des concessions sur les réglementations européennes, notamment dans le numérique, accusées à Washington de cibler les champions américains comme Apple, Google ou Meta.

Le gouvernement américain voudrait assouplir la mise en oeuvre des législations visant à limiter les abus de pouvoir du secteur technologique en matière de concurrence, de contenus en lignes ou d'intelligence artificielle.

Les Européens sont prêts à discuter de normes transatlantiques communes, mais les textes issus du débat démocratique restent une ligne rouge. 'Le processus de décision de l'Union européenne' est un sujet 'absolument intouchable', avait affirmé lundi Ursula von der Leyen.

/ATS