Économie

La Banque mondiale abaisse ses prévisions pour la Chine

20.12.2022 06h50

La Banque mondiale abaisse ses prévisions pour la Chine

Les tensions persistantes dans le secteur de l'immobilier en Chine pourraient avoir des répercussions macroéconomiques et financières plus larges, avertit la Banque mondiale. (archives)

Photo: KEYSTONE/EPA/WU HAO

La Banque mondiale a revu nettement à la baisse mardi ses prévisions pour la Chine cette année et en 2023, en raison de 'risques importants' liés principalement au Covid-19 et à une crise de l'immobilier.

Lors de ses précédentes prévisions en juin, l'institution s'inquiétait déjà pour la croissance de la deuxième économie mondiale, alors sous le joug du 'zéro Covid', une politique sanitaire stricte et très pénalisante pour l'activité.

Le pays a brusquement fait volte-face début décembre et levé la plupart des restrictions en vigueur durant près de trois ans, après l'apparition des premiers cas de Covid à Wuhan (centre) fin 2019.

Des experts craignent désormais que la Chine soit mal préparée à la vague d'infections liée à cette réouverture, alors que des millions de personnes âgées et vulnérables ne sont pas vaccinées.

Dans ce contexte, la deuxième économie mondiale devrait voir son PIB progresser cette année de 2,7% seulement puis de 4,3% l'an prochain, selon la Banque mondiale.

Il s'agit d'un net repli par rapport aux précédentes prévisions de l'institution, qui tablaient en juin sur une hausse de 4,3% du produit intérieur brut (PIB) de la Chine en 2022, puis de 8,1% en 2023.

L'an dernier, la croissance avait atteint 8,1% du fait d'un rattrapage avec 2020, quand l'activité avait été mise à l'arrêt au tout début de l'épidémie avec le confinement de Wuhan.

'Les perspectives de croissance de la Chine sont soumises à des risques importants', estime la Banque mondiale, arguant de 'la trajectoire incertaine de la pandémie'.

Vaccination en question

La capitale Pékin et ses 22 millions d'habitants sont particulièrement touchés par une vague de contaminations inédite depuis les débuts de la pandémie, et qui s'est propagée à une vitesse fulgurante ces derniers jours.

Des témoignages font état d'une recrudescence d'activité dans les crématoriums, ainsi que d'hôpitaux débordés, tandis que les médicaments anti-grippaux manquent dans les pharmacies.

'Les efforts visant à augmenter la vaccination, en particulier parmi les groupes à haut risque, pourront permettre une réouverture (de la Chine) plus sûre et moins perturbatrice', estime la Banque.

Par peur d'attraper le Covid, de nombreux Chinois restent à la maison, ce qui pénalise lourdement la consommation tandis que de nombreux commerces sont fermés.

La croissance dépendra du 'comportement des ménages et des entreprises' dans les semaines et mois à venir, prévient la Banque mondiale.

Parallèlement, le pays traverse une crise sans précédent dans l'immobilier, historiquement un moteur de la croissance en Chine.

'Tensions persistantes'

Ce secteur, qui représente avec la construction plus du quart du PIB du pays, est en souffrance depuis des mesures adoptées par Pékin en 2020 pour réduire l'endettement des entreprises.

Après des années de hausses vertigineuses, les ventes immobilières s'affichent désormais en repli dans de nombreuses villes.

Et nombre de promoteurs luttent pour leur survie, ce qui fragilise tout le secteur de la construction et ses milliers d'entreprises.

'Les tensions persistantes dans le secteur de l'immobilier pourraient avoir des répercussions macroéconomiques et financières plus larges', avertit la Banque mondiale.

La guerre en Ukraine, l'inflation et le ralentissement de la demande en produits manufacturés dans un contexte de crainte de récession mondiale pèsent également.

La Chine avait fixé en début d'année un objectif de croissance d'environ 5,5% pour 2022, qui semble désormais irréaliste pour nombre d'économistes.

Ce chiffre, même s'il était atteint, n'en resterait pas moins la plus mauvaise performance pour le pays en quatre décennies, à l'exception de 2020 perturbée par les débuts de la pandémie.

/ATS