Économie

La gauche vaudoise lance deux initiatives pour un salaire minimum

12.05.2023 09h35

La gauche vaudoise lance deux initiatives pour un salaire minimum

Salaire minimum à 23 francs dans le canton de Vaud: les initiants ont jusqu'au 12 septembre pour récolter au moins 12'000 paraphes.

Photo: Keystone/JEAN-CHRISTOPHE BOTT

Un comité unitaire composé de syndicats, de partis de gauche et d'associations exige un salaire minimum de 23 francs dans le canton de Vaud. Il a officiellement lancé la récolte de signatures vendredi pour sa double initiative 'pour vivre dignement de son travail'.

Les autorités cantonales ont donné leur feu vertaux deux textes. Les initiants ont jusqu'au 12 septembre pour récolter au moins 12'000 paraphes.

La première initiative populaire cantonale, constitutionnelle, vise à ancrer le principe d'un salaire minimum dans la Constitution. L'autre, législative, doit introduire une nouvelle loi instituant un salaire minimum légal cantonal à 23 francs brut par heure, a indiqué vendredi matin le comité composé d'une vingtaine d'organisations.

Le calcul de ce salaire minimum se base notamment sur le niveau des prestations complémentaires, les primes moyennes de l'assurance-maladie en vigueur dans le canton, le niveau des loyers moyens, et les cotisations LPP moyennes. Un mécanisme de contrôle est prévu, mettant notamment l'Etat et les partenaires sociaux autour de la table.

Précédents dans d'autres cantons

'Nous sommes dans une logique nationale, nous ne faisons pas cavalier seul. Un calcul similaire est appliqué dans les cantons qui ont mis en oeuvre ou considèrent une telle mesure', a déclaré Arnaud Bouverat, secrétaire régional d'Unia et coprésident du comité unitaire.

En Suisse, cinq cantons ont déjà franchi le pas: Neuchâtel en 2017 (20 francs), Jura en 2018 (20), Genève en 2020 (23 puis 24), Tessin en 2021 (entre 18,75 et 19,25) et Bâle-Ville en 2021 (21). Des projets sont en cours dans les cantons du Valais et de Fribourg ainsi que dans les villes de Zurich et de Winterthour.

'Le salaire minimum est l'avenir de notre canton', a estimé l'économiste et conseiller national socialiste Samuel Bendahan en visioconférence depuis Berne. Selon lui, la hausse des coûts de la vie a un 'effet brutal' sur les ménages à bas revenus, alors que la hausse de la productivité ne se retrouve pas dans les bas salaires.

'Enjeu féministe majeur'

'Travailler ne doit plus être synonyme de pauvreté', a renchéri M. Bouverat, soulignant le fait que près de 10% des salariées et salariés du canton sont considérés comme 'à bas salaire' et près de 8% comme des travailleurs pauvres.

Les femmes, surreprésentées dans ces deux catégories, devraient donc tirer profit du salaire minimum. Celui-ci permettra de 'revaloriser certains métiers typiquement féminins et de mettre un frein à l'exploitation indécente et à la sous-enchère salariale', a pour sa part ajouté Gabriella Lima d'Ensemble à Gauche. La coprésidente du comité unitaire voit dans le salaire minimum un 'enjeu féministe majeur'.

Bien que le Grand Conseil vaudois ait rejeté en mars dernier l'instauration d'un salaire minimum à 23 francs de l'heure, le comité unitaire se dit optimiste pour ses deux initiatives. Ses coprésidents estiment qu'en raison du contexte d'augmentation des coûts de la vie, des précédents dans les autres cantons, ainsi que de l'actuelle pénurie de main-d'oeuvre, 'c'est plus que jamais le moment'.

/ATS