Économie

Le bois, un joker pour la transition énergétique, selon un rapport

19.04.2023 10h55

Le bois, un joker pour la transition énergétique, selon un rapport

L'utilisation du bois comme source d'énergie en Suisse pourrait être plus efficace, selon les auteurs du rapport (archives).

Photo: KEYSTONE/AP/PAT WELLENBACH

Dans le contexte du tournant énergétique, l'utilisation actuelle du bois n'est pas assez efficace, selon un rapport. Il permettrait de produire jusqu'à un tiers d'énergie supplémentaire, non seulement sous forme de chaleur, mais aussi d'électricité et de carburants.

Des scientifiques de l'Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage (WSL), de l'Institut Paul Scherrer (PSI) et d'autres institutions ont calculé le potentiel énergétique du bois en Suisse.

Leur 'livre blanc' publié mercredi synthétise les résultats du programme de recherche énergétique 'Biomass for Swiss Energy Future' (SCCER Biosweet) de la Confédération, auquel ont participé quinze groupes de recherche et des dizaines de partenaires de terrain.

Actuellement, l'énergie du bois représente environ 5% de la consommation finale totale d'énergie en Suisse, soit environ 40 pétajoules (PJ) par an, un peu plus que ce que consomme la ville de Zurich en un an. Les spécialistes de la bioénergie du WSL ont calculé que cette part pourrait augmenter d'un tiers au maximum (14 PJ), de manière économiquement et écologiquement durable.

Le bois-énergie peut provenir directement de la forêt et des espaces ouverts, mais il peut aussi s'agir de déchets de menuiseries et de scieries ou de bois usagé. La plus grande partie du potentiel inexploité (5 à 10 PJ) se trouve encore dans le bois de forêt, selon un communiqué du WSL.

'Source d'énergie précieuse'

'Le bois en tant que source d'énergie précieuse mais limitée doit être utilisé efficacement', commente dans le communiqué Oliver Thees, du WSL, qui a dirigé la rédaction du rapport.

Les scientifiques proposent des mesures pour une utilisation plus efficace: du point de vue de la protection du climat, le bois ne devrait pas, dans la mesure du possible, passer directement de la forêt au poêle.

Il devrait plutôt être utilisé pour fabriquer des maisons et des meubles, des panneaux de particules ou des matériaux isolants avant d'être brûlé, selon le principe de l'utilisation en cascade. Actuellement, le bois est toutefois utilisé à 95% pour chauffer des locaux. Cette situation n'est pas optimale, selon les auteurs.

Des avions qui volent avec du bois

Pour maximiser la production d'énergie et réduire les émissions de CO2, le bois devrait être utilisé à plus grande échelle et différemment. Dans l'industrie, le bois peut servir à générer de la chaleur à haute température, par exemple sous forme de vapeur d'eau, ou à produire des carburants gazeux et liquides, y compris ceux destinés aux avions.

La chaleur résiduelle et le CO2 ainsi générés devraient être capturés et utilisés. Cela contribue à l'équilibre du CO2 et compense d'autres émissions inévitables provenant de secteurs tels que l'agriculture. À partir du bois, de l'électricité peut également être produite dans des centrales de cogénération, ce qui serait particulièrement utile pour combler le déficit d'électricité en hiver.

Si l'on veut produire de la chaleur à partir du bois, il est préférable de le faire dans de grandes installations raccordées au réseau de chauffage urbain. Celles-ci peuvent être exploitées de manière plus efficace et moins polluante qu'une multitude de petites installations.

Stabiliser le réseau électrique

Le bois-énergie est jugé si polyvalent que les auteurs du rapport le considèrent comme un 'joker' pour la transition énergétique. Leurs calculs montrent qu'il peut contribuer à stabiliser l'approvisionnement en énergie et le réseau électrique, car le bois peut être stocké et converti pour compenser les pointes de charge du réseau.

Cependant, les avancées technologiques ne suffiront pas à rendre l'utilisation du bois plus efficace. Il reste beaucoup à faire dans la recherche, l'économie et la politique: les chaînes d'utilisation du bois doivent être analysées et optimisées.

/ATS